Journée du vignoble vaudois«2021 doit marquer un nouveau départ pour la viticulture»
Jeudi à Perroy, il a notamment été question de mildiou, de contingents et d’escargot rouge dans le bilan de l’année viticole écoulée.

«Mesdames et Messieurs les viticulteurs, vous me manquerez.» Philippe Leuba n’a pas laissé tomber le micro, jeudi à Perroy, mais c’est avec de l’émotion dans la voix qu’il a terminé son dernier discours à la Journée du vignoble vaudois. Il a appelé une nouvelle fois les acteurs et les actrices de la vigne à se fédérer, afin de parler d’une seule voix à son ou sa successeure.

«Nous devons mener une réforme structurelle fondamentale et une politique intercantonale pour définir la viticulture de demain; 2021 doit marquer un nouveau départ!»
«Le problème viticole est perçu à Berne comme romand, voire latin avec le Tessin, a rappelé le conseiller d’État en charge de l’économie. Nous devons mener une réforme structurelle fondamentale et une politique intercantonale pour définir la viticulture de demain; 2021 doit marquer un nouveau départ!» La réserve climatique, projet pionnier du Canton qui permettrait de compenser les petits millésimes par les plus généreux, était sur toutes les lèvres ce jeudi.
En toile de fond, l’annus horribilis que les vignes ont connu au niveau du mildiou, mais aussi de la grêle dans le Nord. «Nous avons engrangé la récolte historiquement la plus faible cette année», a témoigné Guy Cousin, vigneron à Bonvillars, région qui accueillera la Journée du vignoble en 2022.

«Le «on a toujours fait comme ça» a fait perdre beaucoup aux vignerons. Cette année, cela ne pouvait pas fonctionner.»
À propos des maladies cryptogamiques, Olivier Viret, chef du Centre de compétences vitivinicoles et cultures spéciales du Canton de Vaud, a martelé: «Le «on a toujours fait comme ça» a fait perdre beaucoup aux vignerons. Cette année, cela ne pouvait pas fonctionner.»

«Si j’en crois le nombre de parcelles libres de bail cet automne, des choix drastiques ont déjà été opérés. Et nous observons les premières faillites.»
Et certains en ont fait les frais au-delà de ce qu’ils pouvaient supporter. «Si j’en crois le nombre de parcelles libres de bail cet automne, des choix drastiques ont déjà été opérés», a commenté François Montet, président de la Fédération vaudoise des vignerons. Les premières faillites apparaissent dans la «Feuille des avis officiels». «Et ce ne sont sans doute que les premières», selon le vigneron de Blonay.
Savoir pour mieux faire
Pour éviter d’autres drames, Olivier Viret a enjoint aux producteurs d’utiliser les outils et relevés mis à disposition notamment par Agroscope. Il a mentionné une étude allemande qui démontre qu’avec une pluviométrie et une pression de mildiou telles que cet été, un traitement à deux jours d’intervalle donnait des résultats allant de 30 à 70% d’efficacité.
Au niveau suisse, le conseiller national Frédéric Borloz, président de la Fédération suisse des vignerons, a évoqué les pistes suivies à Berne. Consolidation du million supplémentaire octroyé pour la promotion des vins en contexte de crise, bataille pour une meilleure répartition des contingents d’importation, à l’étude au Conseil national, ou intégration des mousseux étrangers dans ces contingents, subvention pour la vendange en vert (soit le fait de couper du raisin pour décharger un cep et produire moins) et simplification des contrôles de cave sont au menu.
Des vins plus «fun»

«Nous avons aussi rencontré la grande distribution pour la sensibiliser à la valorisation des vins suisses. Ce qu’il en ressort, c’est qu’ils veulent des vins plus jeunes, plus «fun» à mettre dans leurs étals.»
«Nous avons aussi rencontré la grande distribution pour la sensibiliser à la valorisation des vins suisses, a-t-il indiqué. Ce qu’il en ressort, c’est qu’ils veulent des vins plus jeunes, plus «fun» à mettre dans leurs étals.»
C’est ce que l’Office des vins vaudois a voulu faire avec son Escargot rouge, dont les premières bouteilles sont commercialisées depuis le 1er septembre. Cette marque parasol (de 10 fr. à 18 fr. selon la gamme) sous laquelle chaque cave peut s’abriter, pour autant qu’elle satisfasse à ses exigences, veut faire boire du vin rouge aux jeunes qui achètent leur vin en supermarchés. Encore un projet qui se veut fédérateur.
Invités à la Journée du vignoble, les vins de Lausanne étaient représentés par Natacha Litzistorf. La municipale en charge des domaines a remis les vignerons vaudois à l’ordre, rappelant les vives critiques qui avaient fusé sur les réseaux sociaux concernant certaines actions coup de poing de la Ville durant le confinement.

«On évolue sur le même marché, même si chaque domaine est différent. Lausanne est un vigneron-encaveur comme les autres, avec des responsabilités en plus…»
«On évolue sur le même marché, même si chaque domaine est différent. Lausanne est un vigneron-encaveur comme les autres, avec des responsabilités en plus…» L’élue a appelé les exploitants à profiter des différentes vitrines mises à disposition pour tous, comme dernièrement Le Local pop-up de la Palud, qui invite les caves vaudoises à venir présenter leurs vins, sans frais.
Maison des vins suisses
Elle a évoqué un autre projet, qui doit encore être mis en forme: une Maison des vins suisses. Il s’agirait d’un lieu qui réunirait vins et gastronomie et qui prendrait place dans un bâtiment communal, possiblement à la Vallombreuse. «Le consommateur est d’accord de payer un peu plus si, et seulement si, cet argent va dans la poche du producteur. Nous devons aller dans ce sens.»
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