FestivalÀ Champéry, des Rencontres musicales à l’ombre de J.S. Bach
Le rendez-vous alpestre retrouve la vigueur d’avant pandémie avec un programme tourné vers le Cantor de Leipzig.

À Champéry, on conçoit la musique comme on entamerait une grande fresque: en offrant un format à la fois imposant et à mesure d’homme. Pour ces 23es Rencontres musicales, un monument surgit à l’affiche deux semaines durant, succédant à Beethoven et Schubert. Ce sera Johann Sebastian Bach, sous presque toutes ses coutures. Le projet en impose, mais comme toujours, au val d’Illiez, on procède dans une certaine intimité. «Lorsqu’on réfléchit à une thématique ou à une figure à convoquer à l’affiche, on se dit qu’il faut pouvoir explorer plusieurs genres musicaux, souligne la directrice artistique du festival, Véronique Vielle. Le parcours et l’œuvre de Bach permettent cela, lui qui a écrit des ouvrages qui font parfois dans la grandiloquence et qui convoquent ailleurs des dispositifs intimistes.»
Portrait et paysage
Ce que promet le rendez-vous valaisan, c’est donc un portrait du Cantor de Leipzig, mais aussi un rendu du paysage qui l’environne, en amont et en aval. Il sera question de Vivaldi, par exemple, dont les pièces ont beaucoup voyagé en Europe en leur temps et ont marqué l’esthétique de l’Allemand. Du Prêtre rouge, on pourra savourer ses inusables «Quatre saisons», en compagnie de la violoniste française Amandine Beyer et de son ensemble Gli Incogniti, tous familiers du répertoire baroque.
Et puis il y a l’héritage de Bach, qu’on pourra apercevoir à travers deux concertos pour violoncelle et un pour flûte signés par son fils, Carl Philipp Emanuel. Estelle Revaz et Alberto Acuña s’y frotteront accompagnés par l’Orchestre de chambre de Genève. Le rendu du paysage s’achève avec un petit hors-piste menant vers le jazz, ce qui est désormais un classique à Champéry. Pour l’occasion, le Trio Naïditch, du pianiste Dimitri Naïditch, flanqué du bassiste Gilles Naturel et du batteur Arthur Alard, s’empare d’un tube du compositeur pour s’échapper dans les labyrinthes de l’improvisation.
Le portrait de Bach, à présent. Il aura les traits de deux «Concertos brandebourgeois» et autres pièces concertantes écrites à l’époque où Bach occupe le poste de Kapellmeister auprès de la cour du prince Léopold. Amandine Beyer et ses complices les empoigneront en ouverture de festival. On croisera aussi des «Cantates» et autres pépites vocales profanes, avec l’Ensemble Masque aux côtés notamment de l’excellent baryton Benjamin Appl. On entendra aussi les «Variation Goldberg» dans une retranscription servie par le Quatuor Ardeo, et enfin un concert qui convoque Beethoven et Brahms. Quatre jeunes artistes se réunissent pour l’occasion: la violoniste Raphaëlle Moreau, la pianiste Shani Diluka, la violoncelliste Estelle Revaz et l’altiste Adrien La Marca.
Rencontres musicales de Champéry, du 31 juillet au 14 août. Rens. www.rencontres-musicales.ch
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