A Concise, la démission du syndic trahit un malaise
Christophe Sandoz avait été élu malgré un tous-ménages envoyé par la Municipalité invitant à voter pour son adversaire. Il a démissionné.

Ça grenouille à Concise, village de 970 âmes. Pour cause, le 4 octobre dernier, la Municipalité annonçait au pilier public la démission avec effet immédiat de son syndic, Christophe Sandoz. Depuis, ses soutiens politiques sont quasi unanimes: les raisons de son départ sont liées aux circonstances étranges de son élection.
Lors de la campagne précédant l'élection complémentaire, en mars, un tous-ménages signé par l'Exécutif déjà en place avait invité la population à voter pour son adversaire. Estimant que cette action pouvait lui nuire, Christophe Sandoz l'avait alors dénoncée auprès du Service juridique de l'Etat. Il avait malgré tout obtenu le plus de suffrages. Elu syndic – un poste équivalent, selon ses dicastères, à une charge allant de 20% jusqu'à 50% –, il avait dans la foulée abandonné les démarches juridiques.
Visiblement plein de bonne volonté, Christophe Sandoz voulait alors casser le climat délétère qui régnait au village et déclarait dans nos colonnes: «Je suis sûr que l'on va agir en bonne intelligence pour le bien de Concise.» Cette certitude n'aura duré que quelques mois. Joint au téléphone, le principal intéressé avance des raisons médicales pour expliquer sa démission. «La Municipalité n'a aucune responsabilité directe dans mon départ. Mes raisons sont d'ordre privé.» Fin de la communication.
Toutefois, ces explications ne suffisent pas à faire taire toutes les langues. Aujourd'hui, Etienne Roy, un des deux préfets du district Jura-Nord vaudois, estime que «sur le plan éthique, le tous-ménages envoyé par la Municipalité n'était de loin pas la meilleure des choses à faire». Et de poursuivre: «Si les élus ont signé en qualité de leur fonction, cela pose problème du point de vue de la loi, contrairement à s'ils ont signé uniquement de leurs noms.» Or, après consultation, le document débute ainsi: «Les municipaux en place à Concise soutiennent la candidature de…»
Le vice-syndic, Patrick Jaggi, estime pourtant que ce genre de démarches est le propre de la politique dans les petits villages et affirme que ce tous-ménages était une initiative privée. «Avant que M. Sandoz ne dépose sa candidature, il n'y avait pas de candidat à cette élection. Nous avions donc, à titre personnel, approché une personne en décembre 2016 pour y remédier.» Et ajoute: «Il nous semblait normal de soutenir le candidat que nous étions allés chercher.» Ce dernier a d'ores et déjà déposé sa candidature pour succéder à Christophe Sandoz.
Quel accueil?
Une question se pose: alors que la Municipalité a publiquement fait campagne contre le syndic lors des élections, quel accueil lui a-t-elle réservé? Patrick Jaggi dément tous mauvais comportements de la part de l'Exécutif. «Au contraire, nous avons essayé de favoriser son intégration en l'invitant dans des commissions qui n'étaient pas gérées par ses dicastères. Concernant son départ, il n'y a pas de polémique. Les raisons sont d'ordre médical et privé. Nous avions reçu dans un premier temps un certificat médical, puis, une semaine après, sa lettre de démission. Depuis, la Municipalité n'a plus eu de contact avec M. Sandoz.»
«Christophe Sandoz est arrivé à la Municipalité comme un cheveu sur la soupe, affirme Georges-André Banderet, soutien du syndic lors des élections et candidat malheureux à la Municipalité il y a quelques années. Avez-vous déjà vu ça, un Exécutif qui tente de choisir qui siège en son sein? C'est la démocratie à la Concise.»
Même son de cloche auprès d'élus, de membres de sociétés locales ou d'habitants. Ils sont nombreux à estimer que l'Exécutif a tout fait pour ne pas intégrer le nouveau syndic au sein du groupe. Une personne proche de la Municipalité raconte que Christophe Sandoz aurait été accueilli très froidement lors de sa prestation de serment. De plus, l'Exécutif ne l'aurait tout simplement pas attendu pour démarrer l'apéritif officiel: «Cet épisode est symptomatique. On célèbre, notamment, l'élection de Christophe Sandoz et la Municipalité fait en sorte de l'écarter.» Une habitante poursuit avec un autre exemple: «Les municipaux ont laissé Christophe Sandoz aller seul à la Journée des communes de l'Union des communes vaudoises à Chamblon, le 10 juin.» D'autres Concisois évoquent encore des municipaux refusant de lui adresser la parole ou de lui répondre au téléphone.
Collège uni?
Le municipal Pierre Marro réfute toutes les allégations portées à l'encontre de la Municipalité. «Nous sommes des politiciens de milice, et notre agenda ne nous permet pas de participer à tous les événements auxquels nous sommes conviés. L'Exécutif n'a strictement rien à se reprocher.» Cet avis est partagé par une conseillère communale, ancien soutien du syndic démissionnaire. «Je n'ai jamais entendu Christophe Sandoz se plaindre de ses collègues. Et j'ai déjà abordé les raisons de son départ avec lui.»
De son côté, Georges-André Banderet conclut sur des mots amers: «On a fait un mauvais procès à Christophe. Ses adversaires l'ont traité de procédurier alors qu'il voulait s'intéresser au règlement pour qu'il soit appliqué. A croire que la Municipalité de Concise considère que c'est un défaut.»
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