Dans un conte des frères Grimm, un joueur de flûte dératise la ville de Hamen au son de son instrument. La ville refusant de le payer, il revint une nuit pour emmener les enfants. Il faut donc se méfier des joueurs de flûte et des douces musiques, qui pour bienveillantes qu’elles paraissent, se retournent contre ceux qui les écoutent.
Selon la gauche, la hausse des dépenses publiques serait de la douce musique qui, à défaut de résoudre les problèmes, a le mérite d’anesthésier toute réaction populaire; une version vaudoise du «quoiqu’il en coûte» de nos voisins; une forme de procrastination politique renvoyant les solutions concrètes et les charges de la
dette à plus tard.
«Osons réinvestir dans l’État stratège, trop souvent paralysé par la notion d’État providence!»
En cannibalisant les dépenses publiques, l’État providence asservit le contribuable-citoyen. Avant de prôner le partage de la richesse, il faut la créer et fixer les conditions-cadres d’une économie durable. Il en va de l’avenir des futures générations et des retraites. On constate dans quelle impasse se trouve la France, avec un déficit public hors de contrôle, annihilant toute réforme.
Ce sont la résilience de nos entreprises et de leurs employés et le frein à l’endettement qui ont permis aux Cantons et à la Confédération de réagir rapidement face à la pandémie. Cette même marge de manœuvre doit permettre à l’État, aux entreprises et aux individus de disposer des ressources nécessaires afin d’assurer une révolution climatique qui mobilisera des investissements colossaux. Il en va de la pérennité de notre économie, de nos institutions et de l’équilibre sociétal. Osons réinvestir dans le futur, dans l’état régalien et surtout dans l’État stratège, trop souvent paralysé par la notion d’État providence!
Un franc sur trois au social
Dans le Canton de Vaud, des chiffres simples permettent de mesurer l’ampleur du problème: en vingt ans, le budget de l’État a doublé, soit autant de recettes fiscales supplémentaires; mais la population n’a augmenté que d’un quart. Le poids de la charge fiscale individuelle, impôts et taxes confondus, est resté le même jusqu’à quelques récentes réformes. Un rééquilibrage fiscal est d’autant plus nécessaire pour responsabiliser le contribuable consommateur dans ses achats écoresponsables. Le retour subit de l’inflation constitue un risque supplémentaire pour l’épargne et les retraites. La votation sur la RIE III qui prévoyait une baisse de l’impôt sur les entreprises et une augmentation sensible des subsides à l’assurance maladie, démontre que l’on ne saurait opposer baisse fiscale et maintien d’un état social fort. C’est d’autant plus vrai que le Canton consacre 850 millions de francs à titre de subsides à l’assurance maladie et un franc sur trois au système santé/social.
Les recettes de la BNS ont cessé d’être le veau d’or tant attendu. Pour construire l’avenir, pas de baguette ni de flûte magique, mais un effort d’investissement et de rééquilibrage fiscal qui impose aussi de revoir les priorités et la gestion d’une vraie politique des moyens au-delà d’une politique des besoins.
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L’invité – À cuir d’autrui, large ceinture
Pour Marc-Olivier Buffat, la hausse des dépenses publiques prônée par la gauche revient à renvoyer à plus tard les solutions concrètes.