À Davos, le premier ministre luxembourgeois détonne
Malika Nedir relate l'intervention étonnante de Xavier Bettel au WEF.
Au WEF, les chefs d'État ou de gouvernement ont droit à la grande salle du Centre de Congrès pour trente minutes de discours, introduits par Klaus Schwab en personne lorsqu'ils sont importants. Plus l'invité est prestigieux, plus la salle est bondée et l'attroupement de journalistes massif. Xavier Bettel, lui, n'a pas l'honneur de la grande salle. Et aucune caméra ne le poursuit dans les couloirs. Parce que c'est le premier ministre du Luxembourg. C'est un habitué du WEF, il participe à de nombreux panels, enchaîne les rendez-vous avec les grands patrons de Google, Apple ou ArcelorMittal. Mais son intervention mercredi, dans une petite salle du WEF, détonne dans un forum où il est convenu de parler climat, finances ou digitalisation. Lui se dit heureux de participer «pour la première fois à Davos à un débat public et filmé sur la question LGBT».
Xavier Bettel est premier ministre depuis 2013. «Premier chef de gouvernement gay du monde à avoir été réélu.» Premier dirigeant européen uni par un mariage homosexuel. Et il raconte comment son mari, qui l'accompagne lors des voyages officiels, a bousculé le protocole des programmes réservés aux First Ladies. «Exotique» sur les photos de familles des épouses de chefs d'État, seul homme derrière Melania Trump, Brigitte Macron ou Emine Erdogan. Lors de sa première apparition publique, à l'occasion d'une réunion de l'OTAN en mai 2017, l'époux du premier ministre luxembourgeois disparaît de certaines photos et son nom est rayé de la liste des épouses par la Maison-Blanche. L'incident crée une polémique, obligeant la présidence américaine à rectifier l'«oubli».
Xavier Bettel révèle qu'en Afrique on lui a conseillé de présenter son mari comme son assistant. Mais qu'il a refusé, préférant passer pour un homosexuel assumé que pour un premier ministre qui a des relations sexuelles avec son staff. Lors d'une réunion de la Ligue arabe à Sharm el-Sheikh, il tient tête au président égyptien, Al-Sissi, qui demande aux Européens de se montrer plus tolérants envers les musulmans. Le Luxembourgeois lui répond d'être plus tolérant avec les femmes et les homosexuels. Et souligne qu'il serait lui-même condamné à mort dans plusieurs pays membres de la Ligue arabe.
«Je ne suis pas un gay qui est premier ministre, mais un premier ministre qui est gay»
«Je n'ai jamais voulu être un modèle, explique Xavier Bettel, je ne suis pas un gay qui est premier ministre, mais un premier ministre qui est gay. Je ne le fais pas pour les autres, je le fais pour moi. Je me suis marié parce que j'étais amoureux. Mais en étant juste moi-même, je constate que je peux rassurer certaines personnes et éviter que des gays se suicident parce qu'ils sont rejetés.»
Lundi, il assistera à Auschwitz à la cérémonie marquant le 75e anniversaire de la libération du camp. «Des millions de personnes juives, homosexuelles, roms ou handicapées ont été tuées à cause de la haine. N'oublions jamais ce qui s'est passé sur notre continent, lorsque la haine est tolérée.» Le message d'un premier ministre qui refuse d'être hors norme.
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