Les choix de la rédactionÀ écouter, Rag’n’Bone Man, Weezer et Louise Jallu
Soul bien peignée, rock maniaque des eighties et tango d’anniversaire font la bande-son potentielle d’un week-end pas trop pluvieux.

POP Pour son second album, il fallait que la révélation anglaise 2017 place sa voix au niveau du succès phénoménal de «Human». On aurait pu redouter une addition de tentatives tubesques pour recréer l’osmose acrobatique entre nostalgie soul et modernisme sonore de son hit. Rory Charles Graham fait le pari inverse et livre un disque souvent dépouillé où son baryton feule et rugit, un album plus classique que tape-à-l’œil, bâti sur un piano sobre ou une guitare sèche avant que le refrain ne devienne épique – c’est d’époque. Quand elle n’est pas accompagnée d’un certain génie, la formule à l’os pourrait lasser, et l’on accueille avec un inattendu plaisir les petites sucreries toniques et pas trop compliquées que le roué barbu place çà et là, histoire de séduire large. Pas de «Human bis» à l’horizon: tant mieux! f.b.
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ROCK Steven Spielberg n’a pas pensé au chanteur de Weezer pour tenir le premier rôle dans «Ready Player One», et c’est dommage. Au registre du nerd vivant dans ses fantasmes ados, Rivers Cuomo se pose un peu là. Nul besoin de lunettes virtuelles, cependant: depuis 1994, l’Américain empile des disques comme autant de référencements pop et d’hommages électriques. Ce 15e (!) essai résume tout dans son titre: «Van Weezer» pour Van Halen, le hard peroxydé des eighties, la distorsion des guitares si étirée qu’on dirait un synthétiseur, le tapping en tenue d’aérobic, les riffs pour frapper dans les mains… Comme souvent avec Weezer, on demeure curieux et amusé à la porte de son palais de gosse quinqua, plus bluffé par la puissance de son obsession que par la force de son inspiration. Mais s’il fait beau ce week-end, pourquoi pas. f.b.
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TANGO Emblématique d’un art qui transcende les frontières stylistiques, l’hommage au centenaire d’Astor Piazzolla est célébré partout, par tous et de toutes les façons. Dans cette profusion, l’album de Louise Jallu devrait marquer un jalon de cette année festive. La bandonéoniste française s’impose en fidèle (format en quartet, participation remarquée de Gustavo Beytelmann, pianiste de Piazzolla dans les années 70) et en infidèle, en proposant des relectures audacieuses des grands tubes du maître argentin. Ces effets de film sonore, ce jazz aérien, ces alliages contemporains percutants et ce parfum de tango déchirant donnent à «Libertango», «Oblivion» ou «Buenos Aires hora cero» une acuité nouvelle. m.ch.
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