Festival classique À Évian, des Rencontres musicales qui pétillent
Du chef Daniel Harding au violoncelliste Gautier Capuçon, en passant par le claveciniste Jean Rondeau, le festival aligne les propositions incontournables.

Il y a des lieux, dans le paysage de la musique classique, qu’on ne se lasse pas de retrouver et qu’on traverse, saison après saison, dans un état d’émerveillement inaltéré. La Grange au Lac en fait sans aucun doute partie, écrin aux formes généreuses – 1200 places dans une proportion scène-salle frôlant la perfection – et à l’acoustique irréprochable. Plongée dans le bois de mélèzes qui surplombe Évian, cette bâtisse pourrait être à elle seule une attraction qui motiverait le déplacement des mélomanes.
C’est ici que le violoncelliste légendaire Mstislav Rostropovitch a inauguré et dirigé durant plusieurs années un rendez-vous musical de haut vol, dans une structure née il y a trente ans de la rencontre entre le Russe et l’alors PDG du futur groupe Danone, Antoine Riboud. Et c’est ici qu’après un long silence de près de quinze ans, les Rencontres musicales d’Évian ont retrouvé un nouveau souffle, dès 2014, sous la direction artistique du Quatuor Modigliani.
Trois orchestres invités
L’édition qui s’ouvre le 25 juin garde tous les traits distinctifs de ses origines. La musique de chambre y occupe une place de choix et sera célébrée sous toutes ses formes ou presque. Les jonctions artistiques entre musiciens – l’autre pedigree du festival – trouveront encore une fois un terrain de jeu idéal. Des onze rendez-vous à l’affiche, il faut relever ceux que nous donnent Les Arts Florissants, qui achèvent leur résidence à la Grange avec deux concerts. Le premier (29 juin à 11 h) sera entièrement consacré au «Premier livre de madrigaux» de Schütz, vaste ouvrage qui dit combien l’inventivité de Monteverdi a irrigué ce répertoire partout en Europe durant le XVIIe siècle: l’Allemand s’inscrit dans une sorte de filiation. Le second événement (29 juin à 20 h) déploie un choix de cantates signées Johann Sebastian Bach et par deux de ses plus grands contemporains, Georg Philipp Telemann et Christoph Graupner. Un voyage musical mené bien sûr avec des instruments d’époque, sous la direction de Paul Agnew.
Sur le front orchestral, le programme compte plusieurs autres soirées. Celle d’ouverture place sur le podium le chef britannique Daniel Harding face à la formation maison, le Sinfonia Grange au Lac. Au menu, deux monuments du répertoire symphonique: la «Cinquième» de Beethoven et la «Huitième» de Schubert, dont on ne compte que deux mouvements achevés. Il y aura ensuite la venue de trois phalanges prestigieuse, le Philharmonique de Strasbourg, l’Orchestre National de Lyon et le National de France. À leurs côtés, on croisera autant d’interprètes en vue. Respectivement le pianiste Alexandre Tharaud qui jouera le «Concerto pour piano» de Grieg; la violoniste Liya Petrova se mesurant au «Double concerto pour violon et violoncelle» de Brahms, aux côtés de Victor Julien-Laferrière; le violoncelliste Gautier Capuçon, enfin, dans le «Concerto pour violoncelle» de Dvorák.
Jean Rondeau avec Bach
Dans une configuration musicale plus intimiste, il ne faudra pas manquer le récital que livrera le pianiste Bertrand Chamayou. Son passage sera teinté par des pièces de Franz Liszt et d’Olivier Messiaen. Des pianistes encore, il en aura à profusion le 28 juin dans soirée où les solistes de la Sinfonia Grange au Lac et le Quatuor Elmire accompagneront tour à tour Michel Dalberto, Éric Le Sage, Théo Fouchenneret et Sélim Mazari.
Il y aura enfin, parmi les attendus de cette édition, le claveciniste Jean Rondeau. Comme à Genève il y a plusieurs semaines de cela, l’interprète au talent fulgurant et à la modestie désarmante parcourra l’un des grands chefs-d’œuvre du répertoire pour clavier, les «Variations Goldberg». Son approche à la fois spirituelle et théâtrale avait marqué les esprits au Victoria Hall, il en sera sans doute de même à cette occasion. Ajoutons encore que le musicien sera au centre d’une création mondiale inspirée par la même pièce. Un projet intriguant, où les textes de Valère Novarina, Shura Rusanova et Ezra Pound croiseront les rythmes distillés par le batteur Tancrède D. Kummer.
Rencontres musicales d’Évian, du 25 juin au 2 juillet, Grange au Lac, Évian. www.lagrangeaulac.com
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