A la conquête des ondes et des airs, rien n'arrête M. Super
Le nouveau rédacteur en chef de LFM est aussi, à 30 ans à peine, vice-président de l'aéroclub de Lausanne.

«Je ne suis pas opportuniste. Mais je suis prêt à saisir les opportunités.» La phrase, lâchée avec ce mélange de confiance et d'humilité qu'il dégage, donne peut-être des clés pour comprendre le parcours de Charles Super. À pas même 30 ans, le jeune homme a été nommé rédacteur en chef de Lausanne FM. Féru d'aviation, il est devenu quelques semaines plus tard vice-président de l'aéroclub du GVM (Groupement de vol à moteur) de Lausanne. Pas mal pour quelqu'un qui se décrit comme «discret», étonné qu'on ait envie parler de lui.
On le rencontre au café de l'aéroport de la Blécherette. Regard franc, sourire charnu, le cheveu tout en asymétrie conquérante, il s'exprime d'une voix grave et douce, très posée, devant un chocolat chaud de fin d'après-midi. Depuis deux semaines, Charles Super suit ici une formation pour obtenir sa licence ATPL, celle des pilotes de ligne. «Je ne veux pas en faire mon métier, mais il y a des choses dans le package qui m'intéressent, notamment pour devenir instructeur de vol. Je donne déjà des cours théoriques au sol dans le cadre de l'aéroclub. Rencontrer les gens, transmettre des choses, cet esprit associatif, aussi, j'ai toujours kiffé.»
La jeunesse du monsieur surgit parfois comme ça, au détour de son langage, et offre un joli contraste avec son assurance. Sa passion pour l'aviation, il s'est donné comme mot d'ordre de la financer seul, sans emprunt, sans aide de ses parents. Ces derniers temps, le pilote s'est aussi formé aux atterrissages en montagne et à la voltige, dont il possède la licence de 1er cycle. «Il faut maîtriser les figures de base: tonneaux, vrilles, loopings… Je ne le fais pas dans une optique de compétition, c'est plus la recherche d'une précision de pilotage.» Remi Oudinot, «compagnon d'aventures» à l'aéroclub, décrit un ami «rigoureux, réfléchi, précis en vol. Mais une fois au sol, capable de se lâcher à fond. Charles a de l'ambition, et c'est légitime: il a une tête très bien faite.» En plus du plaisir à survoler «les paysages de dingue qu'on a la chance d'avoir en décollant d'ici», l'explication de son avidité aéronautique est peut-être à chercher du côté du passé familial. Durant la Seconde Guerre mondiale, son grand-père maternel s'était retrouvé en Angleterre, engagé comme pilote de bombardier pour la Royal Air Force. «Je ne l'ai jamais connu, il est mort trois semaines avant ma naissance. Mais il y avait toutes ces histoires qui circulaient dans la famille, de missions dont il n'avait failli pas revenir… Quand j'ai commencé à avoir envie de voler, j'aimais l'idée qu'il y ait à nouveau un pilote dans la famille.»
De l'importance des profs d'allemand
Cette envie de voler a bénéficié d'un coup de pouce improbable. Au moment d'entamer les démarches concrètes, en 2013, Charles Super se souvient de son ancienne prof d'allemand, au gymnase. Elle était pilote, cela avait frappé son jeune esprit. Il la contacte, lui demande conseil, c'est elle qui l'aiguille vers les bonnes personnes à la Blécherette… «Les profs d'allemand m'ont beaucoup apporté, sourit-il. Ce qui est étonnant, parce que j'étais nul en allemand!» C'est que, quelques années plus tôt, une autre ambassadrice de la langue de Goethe a elle aussi planté une graine qui comptera: sous l'égide de la maîtresse d'allemand, Charles et ses amis de collège ont monté une petite troupe d'impro théâtrale. Elle les coache, leur donne l'envie de continuer, de participer à des matches au niveau cantonal. Ce goût des planches aura une grande incidence: «Quand je suis arrivé à l'Uni et qu'on a vu, avec mes potes, qu'il y avait possibilité de travailler à Fréquence Banane, on s'est dit: «On va raconter des conneries à la radio, ça va être énorme!» Dans un premier temps, c'est ce qu'on a fait. L'impro m'avait appris à ne pas avoir peur de parler, d'occuper l'espace, j'ai emporté cet esprit à la radio.»
Rapidement, on lui fait comprendre qu'il a du potentiel sur les ondes. En 2e année de lettres, il tente sa chance chez LFM, est engagé pour faire des piges le week-end. On lui propose un poste, il prend ses marques, progresse. Jusqu'à se retrouver aujourd'hui, donc, à la tête de la petite équipe de journalistes de la radio privée (cinq personnes). «On a entre 25 et 30 ans, mais tous de l'expérience. Il y a un esprit très familial. Pour moi, le but, c'est que tout le monde arrive le matin dans l'idée de se faire plaisir. Comment est-ce qu'on peut raconter des histoires d'une nouvelle façon, sans perdre de vue notre objectif d'info? C'est peut-être un peu naïf ou utopique, mais si on a moins de 30 ans, ce n'est pas pour travailler comme des vieux!»
Il faut aussi parler de ce nom… Facile ou pas de porter un patronyme évoquant pareils pouvoirs? «À l'origine, il vient d'Allemagne. Je ne l'ai jamais vécu comme une curiosité. J'ai quelques souvenirs d'enfance, de profs qui me rendaient ma copie en disant (il prend une voix de crétin): «C'est pas super, ha, ha!» Ça ne me traumatisait pas, mais bon… L'avantage avec ces blagues idiotes, c'est qu'après, adulte, elles m'ont peut-être obligé à essayer d'être à la hauteur! Quant à ceux qui me demandent si c'est un pseudo pour la radio, je leur dis que je n'aurais jamais choisi ça!»
Des liens entre sa passion et son métier? Il ne fait pas forcément ceux qu'on imagine. «J'aime bien le côté non punitif de l'aviation: si tu fais une bêtise, on va essayer de comprendre ce qui s'est passé, de mettre l'expérience en commun pour éviter que d'autres la fassent. Il y a quelque chose de très horizontal dans cette philosophie, qu'on peut utiliser dans la gestion d'équipe. Le but, c'est d'apprendre ensemble, pas que les gens aient la boule au ventre quand ils ont fait une bêtise parce qu'ils ont peur de l'annoncer au chef!»
Quand on lui demande où il se voit dans cinq ans, il hésite. Et semble un peu moins résolu, peut-être, que ce que l'on avait imaginé. «C'est peut-être le fait de vivre dans le monde de la radio, où tout est à la minute, voire à la seconde, mais je peine à voir à long terme… Deux de mes proches sont décédés récemment. Jeunes. L'un dans un accident d'avion, l'autre en faisant son jogging. C'était difficile. La fin d'une certaine innocence. C'est peut-être un peu banal à dire, mais j'ai réalisé à quel point il faut profiter de la vie! Je n'ai pas peur de mourir, juste peur de mourir en ayant des regrets.» On a envie de dire que comme c'est parti, il y a peu de chances.
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