Critique de spectacle à LausanneÀ l’Arsenic, «L’Apocalypse» selon Louis Bonard
Le comédien sonne les trompettes du 2e épisode d’un quadriptyque inspiré du dernier livre de la Bible. Jouissif!

«Toccata», Bach. L’orgue hurle et le monde s’écroule. «C’est l’apocalyyypse!» s’écrie Louis Bonard frappé d’une hystérie diaboliquement comique. À l’Arsenic, le comédien ouvre le deuxième volet d’une série en quatre épisodes. Quatre, comme les cavaliers de l’Apocalypse de Saint-Jean. Et c’est jouissif!
«On n’a pas réussi à changer de vie et maintenant c’est trop tard!»
«Sarabande», Haendel. L’heure est aux adieux, thème de ce deuxième volet. Les adieux au monde d’avant, aux êtres et aux choses qu’on aime et qui jalonnaient nos vies. Les arbres, les émotions, les routes. Déroulant un inventaire à la Prévert, des trémolos dans la voix, Louis Bonard est irrésistible en humain sonné par l’effondrement du monde.

Dies irae, dies illa. L’antienne tourne en boucle tandis que le cavalier de l’Apocalypse, devenu chevalier en cotte de mailles sur son cheval rouillé, tourne en rond. En errance dans les ruines, il ramasse des cadavres, mannequins difformes, corps torturés comme dans une peinture de Schiele. La tête de son cheval, décapité au couteau et posé sur un socle, rappelle le «Guernica» de Picasso. Dies irae, dies illa.
«Diabolo», Brigitte Fontaine. Offerte par le diable, la comptine, susurrée, nous apaise dans ces ténèbres eschatologiques. Au loin, une lueur jaillit. Le Graal de Louis Bonard? L’optimiste. Dans sa forme, le spectacle évoque le jeu, le divertissement. Le décor, formé de grandes formes géométriques blanches, renvoie à nos jouets d’enfants. Le découpage en épisodes, où le personnage qui se fait abattre se relève inlassablement, fait écho aux séries B. C’est l’Apocalypse, oui, mais on peut en rire. La suite au prochain épisode, donc. Avec, en guest star, Satan.
Lausanne, Arsenic
Jusqu’au 5 juin
Rens. 021 625 11 36
www.arsenic.ch
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