Un été chaudÀ Lausanne, la culture contre-attaque
Sous le blason guerrier de Riposte!, dix-huit instances culturelles font la nique au virus avec quatre week-ends de grande liberté artistique malgré la cloche sanitaire.

À chaque été sa Riposte. L’an dernier, il s’agissait de répondre à l’arrêt brutal des activités artistiques en rassemblant vaille que vaille les programmations des salles et des festivals lausannois reportées pour cause de confinement printanier: Riposte! premier du nom avait proposé une centaine d’événements dans une ville encore libre de masques et de passeport sanitaire. Le succès aidant (plus de 10’000 visiteurs), mais aussi parce que la crise a donné raison par sa durée aux pronostics les plus pessimistes, Riposte! revient avec un menu à peine moins épais mais une organisation mieux préparée, plus cohérente, comme l’explique Marion Houret, coordinatrice parmi les 20 partenaires artistiques (Docks, Jazz One+, BDFIL, Romandie, OCL, Base-Court, Fête de la musique, etc.) qui déploieront près de 80 événements sur l’esplanade de Montbenon et à la Salle Paderewski.
«Étonnamment, la première édition fut plus facile à organiser, car on avait reçu très tôt – enfin, trois mois à l’avance… – l’autorisation d’y aller. Cette année, au 30 juin, on ne savait toujours pas quelle pouvait être l’ampleur du festival. Comme il entre dans la catégorie des grands événements, il demande le passeport sanitaire mais permet en contrepartie de proposer des spectacles debout et sans masque, même à l’intérieur. Nous nous sommes concertés dès le début de l’année pour proposer une programmation qui soit moins un patchwork.» Fortement soutenu par la Ville de Lausanne (300’000 francs sur un budget de 500’000), Riposte! se vivra surtout en plein air à Montbenon. Un centre de test mobile, sur réservation, sera installé sous les Arches de la Place de l’Europe afin de décider les plus réticents ou les moins vaccinés. Au menu, une grosse rasade de musiques actuelles mais aussi du théâtre, du cinéma, de l’art de la rue, etc. Face à cette profusion, on vous propose quatre choix par week-end en toute subjectivité.
Du 21 au 24 juillet

Un peu de culture… générale pour commencer. Par exemple assis jeudi au Théâtre de Verdure devant le Professeur Van de Fruüt, puits de sapience capable de résoudre les énigmes les plus insondables, pour ne pas dire saugrenues. Le lendemain, on continue dans la pédagogie ludique en mettant ses pas dans ceux de «Casanova à Lausanne» afin de revivre les quinze jours de faste – à son goût trop confortable – qui accompagnèrent le séjour de l’aventurier italien au XVIIIe siècle. Départ de la visite à Mont Repos à 18 h 30, arrivée à Montbenon juste à l’heure pour se rincer les oreilles au rock méchant de Penkowski, aventuriers plus contemporains et bernois. Un conseil: ne pas se coucher et retrouver samedi à 6 heures Pierre Audétat et Christophe Calpini pour un épisode electro jazz de leur duo STADE dans le cadre des Musiques à l’aube.
Du 29 au 1er août

Jeudi, le duo composé de Matthias Geissbühler et de la pianiste Ágnes Lörincz aborde le chant lyrique sous toutes ses facettes, de l’opéra, à l’opérette et à l’oratorio. Les grognements, eux, se réservent dans le Théâtre de Verdure avec une relecture des «3 petits cochons» minimale dans sa forme mais maximum dans son intensité comique, racontée par un narrateur exalté. Le lendemain, Murmures Barbares présente son deuxième disque sous l’égide du Romandie et du Salopard, mêlant au rap des sonorités trap et cold wave. Pas moins frappée mais plus festive, et bien dans l’esprit des temps où la musique ne se vend plus sans un argument gastrofolklorique, la rencontre entre le label Hummus et la Brasserie de Montbenon se déroule dans ses jardins de 17 h à minuit. Ah, et Guy Parmelin sera là pour le 1er août.
Du 5 au 7 août
Sport et comédie dès jeudi avec «1 + 1 = 3», ou comment deux Indiens pacifistes en cuissettes dynamitent l’art du jonglage et du vélo d’enfant acrobatique – se découvre plus que ne s’écrit. On reste assis vendredi dans le Théâtre de Verdure pour «Swisstales», spectacle contrasté basé sur les contes alpestres, entre un pâtre amoureux, un accordéoniste baroudeur et une bête dévorante. En musique, Odd Beholder dépose sa synthpop capiteuse et sombre sur la scène de Montbenon, dans un format moins excentrique que Tatum Rush, autre découverte à suivre, navigant entre pop kitsch, R&B italienne et nu-disco..
Du 12 au 14 août

On retrouve toujours avec le même plaisir le rock épuré de Delia Meshlir, au carrefour de PJ Harvey et de Cat Power, jeudi sur scène. Le lendemain, le niveau de distorsion augmente un peu avec Future Faces, gang du cru qui revisite la cold wave, malgré le nom trop optimiste de son nouvel album, «Euphoria». Samedi s’offre à la bande dessinée, avec un duel de dessinateurs dans la Salle Paderewski. On calme le jeu avec «Home», diffusé dimanche au Théâtre de Verdure, l’occasion de revivre en plein air et en nocturne la fable contemporaine puissante et tendre qui fit connaître Ursula Meier en 2008.
www.culturedebout.ch/action/riposte
Centre de vaccination, Arches n. 17 (Pl. de l’Europe), dispo les me et di (de 20h à 02h) et du je au sa (de 17h à 02h). RDV obligatoire www.hemostaz-flon.agenda.ch
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