Campagne de préventionÀ Lausanne, un radar antibruit routier pour épauler la police
Un dispositif pédagogique est installé en ville pendant deux mois. Il ne sanctionne pas mais guidera l’action répressive.

La démonstration a bien fonctionné, mardi en début d’après-midi, à la rue Centrale de Lausanne. Successivement, deux motos, une voiture puis un bus TL se sont distingués en couvrant à peu près tous les sons environnants d’un seul coup d’accélérateur. Et à chaque fois, le «radar pédagogique du bruit» s’est mis à clignoter, affichant «Bruit!» en rouge vif sur son écran. Le dispositif vient d’être installé au niveau de la sortie du parking du Rôtillon et déménagera ensuite dans sept autres endroits de la ville, à raison d’une semaine par emplacement. Unique exemplaire suisse, déjà testé par Genève et Bulle notamment, il restera deux mois à Lausanne. «Cette mesure sera accompagnée d’une campagne de prévention, laquelle sera suivie d’un volet répressif. Nous poursuivons ainsi notre combat contre le bruit routier, une bataille très importante pour la population», souligne Florence Germond, municipale chargée de la Mobilité.
Aussi appelé «indicateur de bruit», ce dispositif ne permet pas directement de sanctionner, il est l’équivalent des radars pédagogiques de vitesse qui indiquent au conducteur s’il dépasse ou non la limite autorisée. C’est un boîtier situé une dizaine de mètres en amont qui enregistre l’intensité sonore et la catégorie de véhicule (moto ou auto) puis transmet l’information. La vitesse est aussi mesurée. «Si tout est en ordre, le dispositif indique «Merci» en vert. Si le bruit est dépassé, il indique «Bruit» en rouge. Et si le bruit ainsi que la vitesse sont trop élevés, il indique «Danger» en rouge», détaille Filippo Rivola, chef de projet planification à la division mobilité de la Ville. Au niveau sonore, le seuil est fixé à 83 dB, soit «la valeur donnée par l'ordonnance sur la protection contre le bruit pour ce type de milieu», précise Florence Germond.
«À mesure que les données rentreront, nous verrons par exemple quels sont les horaires les plus pertinents pour mener des contrôles de police»
Pédagogique pour les usagers de la route, le radar doit aussi servir à orienter l’action de la police de Lausanne. «Les plaintes des habitants à propos de comportements routiers nuisibles s’additionnent et cet outil nous permettra tout d’abord de les objectiver, indique Pierre-Antoine Hildbrand, municipal chargé de la Sécurité. Ensuite, à mesure que les données rentreront, nous verrons par exemple quels sont les horaires les plus pertinents pour mener des contrôles. C’est donc un outil qui nous permettra de mettre en place des actions spécifiques en complément des contrôles déjà effectués.» Depuis 2019, l’élu indique que 72 véhicules ont été acheminés au Service des automobiles et de la navigation.
Durant la campagne de prévention, huit emplacements «identifiés comme stratégiques» accueilleront le radar. Ils ont été sélectionnés en prenant en compte la densité de population, d’éventuelles plaintes émanant des riverains ou encore la configuration de la route. En fonction du bilan de cette expérience, Lausanne s’interrogera sur «la pertinence d’acheter un tel dispositif», annonce Florence Germond. Et de préciser que celui-ci complète une boîte à outils qui compte déjà «l’incitation au report modal vers les transports publics et la mobilité douce, le 30 km/h de nuit, le recours aux zones à vitesse modérée ou encore le revêtement phonoabsorbant».
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