Rendez-vous estivalÀ Saint-Luc, les belles lettres et la musique atteignent les cimes
Le Festival du Toûno déploie sa 10e édition en combinant avec harmonie lectures et concerts.

Aux origines, ce fut une histoire sans grandes prétentions, un rendez-vous au pied des montagnes comme on en croise partout sur l’arc alpestre helvétique. Mais ses traits ont été clairs et précis d’entrée de jeu, puisqu’il a été tout de suite question de marier littérature – essentiellement suisse – et musique classique, en essayant de garder un équilibre entre les deux expressions. Le Festival du Toûno est né ainsi, il y a dix ans déjà, en déployant une voilure modeste – deux jours d’événements et pas un de plus –, en comptant sur une équipe ramassée de bénévoles et sur une poignée d’artistes invités. Aujourd’hui, alors que la 10e édition s’apprête à ouvrir ses portes, les échelles de grandeur ont beaucoup changé.
De l’opéra à Jaccottet
À l’ombre de ce mastodonte pierreux qu’est Le Toûno, montagne un rien intimidante, le festival conjugue sept jours durant les lectures et les concerts dans trois lieux centraux du village: les salles bourgeoisiale et communale, et l’église de Vissoie. Quant aux intervenants, ils seront 120 en tout. Dans cette offre dense – trois événements chaque jour – assemblée par le fondateur et directeur Claude Darbellay, on retrouve notamment un des points forts du festival, une tradition: la production lyrique. Après la trilogie Da Ponte et «Didon et Énée», après les cantates et les oratorios des débuts, Saint-Luc se tourne vers «La Bohême» de Puccini, livrée en version de concert. «La scène de l’église de Vissoie ne permet pas d’accueillir une grande formation, précise le directeur, nous avons donc opté pour une version réduite de l’œuvre, mobilisant un orchestre de chambre.»
Ailleurs dans l’affiche, il ne faudra pas manquer les rencontres avec les auteurs, les lectures et les concerts qui leur succéderont. Une nouvelle génération d’écrivaines talentueuses, notamment, fera le déplacement en Valais. Rebecca Gisler, par exemple, qui a percé avec un premier roman, «D’Oncle» (chez Verdier), à l’humour strident et à l’écriture très personnelle. Ou encore Emmanuelle Fournier Lorentz, qui a publié le remarquable «Villa Royale» chez Gallimard. «Cette année, nous comptons en tout cinq premiers romans», précise Claude Darbellay. Il y a enfin, parmi les auteurs convoqués, la figure de Philippe Jaccottet, dont on lira le bouleversant et testamentaire «La Clarté Notre Dame», paru posthume chez Gallimard.
À presque chacune de ces incursions littéraires feront écho des pièces musicales qui prolongeront les thématiques et les tons des écrits. Pouvait-on imaginer meilleurs mariages, par exemple entre Rebecca Gisler et le grinçant Francis Poulenc? Entre Jaccottet et les derniers, profonds, quatuors de Beethoven et Schubert, joués par le Quatuor Terpsycordes? Le Festival du Toûno tire aussi sa force de ces affinités électives, qu’on savoure dans la quiétude estivale, à l’ombre des grandes cimes.
Festival de Toûno, du 7 au 14 août, Saint-Luc
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