Centrale nucléaireAction contre Fessenheim: militants de Greenpeace condamnés
Arrivés à Fessenheim au petit matin du 18 mars dernier, et munis d'échelles, les militants avaient réussi leur opération surprise. La plupart avaient été interpellés rapidement. Ils écopent de peines de deux mois de prison avec sursis.

La justice française a condamné ce jeudi 3 septembre 55 militants de Greenpeace à des peines de deux mois de prison avec sursis pour une spectaculaire intrusion en mars dans la centrale nucléaire de Fessenheim, dans l'est de la France. Une action «légitime», selon les accusés.
Le tribunal correctionnel de Colmar les a jugés coupables de violation de domicile, mais les a relaxés des faits de «dégradations volontaires en réunion» constatées sur les lieux. Le procureur de Colmar, Bernard Lebeau, avait requis des peines de trois à quatre mois de prison avec sursis.
«Ce débat (sur l'énergie nucléaire) me paraît complètement légitime, mais je ne peux, en tant que citoyen et en tant que procureur, cautionner les actions de Greenpeace, lorsqu'elles sont illégales», avait expliqué le procureur.
Sur les 55 militants d'une vingtaine de nationalités jugés jeudi pour «violation de domicile» et «dégradations», seuls trois d'entre eux, deux Français et un Allemand, se sont présentés à la barre. Ils ont revendiqué la «légitimité» de leur action.
Camions et échelles
Arrivés à Fessenheim au petit matin du 18 mars à bord de camions, et munis d'échelles, les militants avaient réussi leur opération surprise. La plupart avaient été interpellés rapidement, mais certains s'étaient hissés jusqu'au sommet du dôme d'un réacteur, où ils avaient déployé une banderole, avant d'en être délogés par les forces de l'ordre.
«Il y a des lois qui ne devraient pas exister, comme (celle qui interdit de) pénétrer dans une centrale pour alerter mes concitoyens. C'est un devoir de faire parfois ce que je fais. C'est légitime, même si c'est illégal», a déclaré à la barre du tribunal l'un des militants, Eddy Varin, un fonctionnaire de 41 ans résidant à Rouen (nord).
«Nous n'avons pas fait cela de gaieté de coeur. Pour sensibiliser les gens, malheureusement il faut faire des choses médiatiquement importantes, de manière à faire pression sur les élus», a renchéri Jean-Michel Vourgère, 43 ans, un informaticien parisien.
Parmi les prévenus, six ressortissants de pays non membres de l'espace Schengen (quatre Turcs, un Australien, un Israélien) font encore l'objet d'une interdiction de séjour en France. Les autres (notamment une vingtaine d'Allemands, sept Italiens, trois Autrichiens, trois Hongrois) ont décidé de ne pas faire le déplacement par solidarité avec eux, a expliqué leur avocat, Me Alexandre Faro.
Manifestation devant le tribunal
Avant l'ouverture du procès, quelques militants antinucléaires ont manifesté devant le tribunal leur soutien aux prévenus, en brandissant une banderole proclamant «Militants de Greenpeace, vous êtes les héros de notre temps!». Les prévenus, de leur côté, ont posé pour les photographes à côté d'une banderole affirmant: «Nous désobéissons pour l'avenir».
L'équipe internationale avait visé Fessenheim pour le symbole, afin de dénoncer les problèmes de sûreté posés, selon Greenpeace, par le vieillissement des installations nucléaires en Europe.
En service depuis 1977, l'installation est la doyenne des centrales françaises et se situe à la frontière avec l'Allemagne. Sa fermeture a été annoncée par le président François Hollande pour fin 2016, mais les antinucléaires l'auraient souhaitée plus rapide et craignent une volte-face.
Si Greenpeace voulait mettre en avant le vieillissement des installations, l'opération médiatisée, saluée par Europe Écologie-Les Verts, avait également relancé le débat autour de la vulnérabilité des centrales face à des intrusions.
ats
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