Afin de valoriser le patrimoine informatique
Isaac Pante et David Javet, membres du UNIL GameLab, soutiennent le Musée Bolo.
Dans un sous-sol obscurci gît un monstre de métal fait de circuits imprimés et de transistors. La Cora 1 – c'est son nom – appartient à la préhistoire des ordinateurs. Durant l'Expo 64, elle exhibait ses capacités algorithmiques en dessinant patiemment le château de Thoune devant le regard interpellé des badauds. Auparavant, elle servait à l'armée suisse pour le calcul de trajectoires balistiques. La Cora 1 constitue une pièce importante du patrimoine culturel helvétique et mondial, ainsi qu'un jalon de l'histoire de l'informatique. Un jalon qui aurait pu disparaître sans l'intervention d'une poignée de bénévoles.
L'obsolescence programmée, la détérioration des matériaux, le manque de ressources financières et d'espaces de stockage menacent constamment les objets techniques. Si tous les yeux sont aujourd'hui tournés vers la Silicon Valley, la Suisse n'a pas à rougir de ses apports au monde de l'informatique. Quand en 1974 Jean-Daniel Nicoud créait le micro-ordinateur Smaky 1, il démarrait une gamme de machines qui n'avait rien à envier aux ordinateurs domestiques américains de l'époque, que ce soit en termes d'ergonomie ou de puissance de calcul.
Son laboratoire contribua également à repenser les souris à côté de nos claviers, plus tard commercialisées par la multinationale Logitech. Deux exemples parmi tant d'autres qui illustrent l'importance pour la Suisse d'une stratégie rationnelle de valorisation – et donc, de conservation – de son patrimoine informatique et vidéoludique.
Force est de constater que, pour l'heure, ce dernier ne reçoit pas l'attention qu'il mérite. Aujourd'hui, en Suisse, deux musées sauvegardent le patrimoine informatique: le Musée Bolo à l'EPFL et l'Enter Museum à Soleure. Le musée lausannois, administré par une fondation, bénéficie du travail d'une association de bénévoles qui récupèrent et réparent les machines, telle la Cora 1 sauvée de la destruction.
Privé d'un espace d'exposition à la hauteur de son impressionnante collection, le Musée Bolo est actuellement en grande difficulté: l'entreprise qui partageait avec le musée son espace de stockage principal s'apprête à en résilier le bail, menaçant la conservation de pas moins de «5000 ordinateurs et consoles de jeux, 8000 logiciels, 15 000 livres et magazines».
Pour cette raison, le UNIL GameLab – groupe d'étude sur le jeu vidéo de l'Université de Lausanne – soutient le Musée Bolo dans sa campagne en cours de récolte de dons (go.bolo.ch). Par-delà leur obsolescence technique, les objets informatiques et les logiciels qu'ils accueillent sont des objets culturels à part entière. Nous sommes convaincus qu'écrire l'histoire helvétique de ce patrimoine et en documenter l'innovation passe par la sauvegarde de ces collections, ainsi que par la pérennisation des musées qui les héberge.
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