Réserve de la Grande CariçaieAide financière pour la démolition des chalets de la rive sud
Vaud, Fribourg et la Confédération promettent jusqu’à 10’000 francs par maison. Alors que des actions sont pendantes en justice, les propriétaires sont fâchés.

Le démantèlement des chalets de vacances situés le long de la rive sud du lac de Neuchâtel et la remise en état des terrains sur lesquels ils se dressent seront financés jusqu’à hauteur de 10’000 francs par l’État de Vaud, l’État de Fribourg et la Confédération. C’est ce que viennent d’annoncer les deux cantons qui entendent ainsi «contribuer à la résolution d’une problématique» qui les occupent depuis plusieurs années.
Pour les propriétaires de ces 185 petites maisons (66 sur Vaud, 119 sur Fribourg) qui s’accrochent encore à l’espoir de pouvoir rester là, le geste n’est pas vraiment perçu positivement. «Alors que les procédures judiciaires sont en cours dans les deux cantons, ça ressemble à une ruse. En tout cas, ce procédé n’est vraiment pas très galant», s’agace Julien Spacio, vice-président de l’Association des riverains de la rive sud du lac de Neuchâtel (ARSUD).
«Inciter ces pauvres propriétaires – sous pression depuis des années – à signer un protocole dans ce contexte-là, ça s’apparente à du forcing.»
Pour y avoir droit, les propriétaires doivent en effet ratifier un protocole d’accord d’ici au 31 mai prochain et réaliser les travaux dans le délai imparti, soit d’ici au 31 décembre 2024. «Inciter ces pauvres propriétaires – sous pression depuis des années – à signer un protocole dans ce contexte-là, ça s’apparente à du forcing», reprend Julien Spacio.
Réparties sur sept communes (Yvonand, Vully-les-Lacs et Cudrefin côté vaudois, Cheyres-Châbles, Estavayer, Gletterens et Delley-Portalban côté fribourgeois), ces bâtisses contreviennent, par leur emplacement dans des réserves naturelles, aux obligations en matière de protection de biotopes et sites marécageux d’importance nationale. Pour l’heure, seules deux propriétés ont été remises en état, alors qu’un troisième chalet a été la proie des flammes. Tous étaient situés sur sol vaudois.
Affaire émotionnelle
Si l’affaire est pareillement émotionnelle, c’est que plusieurs de ces petites maisons de vacances ont été construites voilà plus d’un demi-siècle. Soit bien avant la création de ces zones protégées à l’intérieur desquelles elles se trouvent. Raison pour laquelle de nombreuses oppositions ont sanctionné les procédures de remise en état des sites, lancées par les deux cantons en 2020.
C’est dans ce contexte compliqué qu’ils se sont engagés à prendre en charge une partie (5000 francs) des frais de démantèlement et ont obtenu de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) une aide financière de 5000 francs supplémentaires, conditionnée à l’achèvement des travaux pour fin 2024.
L’ARSUD va sans attendre envoyer un courrier à ses membres, leur enjoignant de ne pas donner suite à la proposition des cantons.
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