Carnet noirAlain Rouèche, ce rebelle philosophe
Photographe à «24 heures» jusqu’à sa retraite en 2017, cette figure du district de Nyon est décédée mardi matin à Athènes.

Si le paradis existe, Alain Rouèche doit sans doute être en train de plaisanter avec Coluche de la planète qu’il vient de quitter. L’ancien photographe de «24 heures» partageait avec l’humoriste non seulement une passion pour la moto, mais surtout un esprit libertaire et humaniste. Il racontait volontiers qu’à chaque votation, il glissait le nom de Coluche dans l’urne, comme un pied de nez au système qu’il couvrait professionnellement avec bienveillance. «C’était avant tout un rebelle philosophe», se rappelle son ancien collègue Patrick Martin.
Alain Rouèche est décédé mardi matin à Athènes du Covid. Après sa retraite, en 2017, il était parti s’installer sur l’île de Paros où il avait acheté une maison avec Aline, sa femme rencontrée au Gymnase à Porrentruy. Avec elle, il a eu trois enfants et 6 petits-enfants. Il aurait fêté ses 69 ans cet été.
«C’était un vrai photographe de terrain qui connaissait tout le monde, qui tutoyait la moitié des politiciens et des sportifs.»
«C’était un vrai photographe de terrain qui connaissait tout le monde, qui tutoyait la moitié des politiciens et des sportifs», se souvient Madeleine Schürch, qui a travaillé avec lui plusieurs années à notre rédaction nyonnaise. Alain Rouèche avait la faculté d’être proche des gens qu’il capturait dans son objectif.
«Il y avait chez lui beaucoup d’altruisme. Il prenait aussi beaucoup de soin à aider ses confrères, à les former quand ils débutaient», note Xavier Dormond, son frère d’armes dans le journalisme. En véritable binôme, tous deux ont parcouru La Côte et le monde pour le compte du «Journal de Nyon» puis de «24 heures». Ils avaient raconté un mémorable vol en concorde vers New York et étaient partis trois semaines au Japon à faire les portraits des Vaudois expatriés.
Né dans le Jura, Alain Rouèche était arrivé sur les bords du Léman pour ses études à l’Université de Lausanne puis aux Beaux-Arts de Genève où il avait parfait son talent dans le dessin tout en se consacrant en parallèle à l’éducation de ses jumeaux, Ophélie et Matthieu. Quand Simon est arrivé, il est devenu père au foyer pendant quatre ans. Les portes de la presse se sont ensuite ouvertes quand il a accompagné Xavier Dormond dans ses premiers reportages.
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