Sorties cinéma«Alibi.com 2», «Un petit frère»: quels films aller voir cette semaine?
La bande à Fifi revient pourvoir en bonnes excuses de mauvaise foi (et vice versa). Si vous cherchez encore une couverture, dites que vous êtes à «Titanic».
«Alibi.com 2», torticolis de quiproquos

Le comique de la Bande à Fifi procède par accumulation. D’une situation de base – ici un mariage –, on imagine quelque chose qui vient l’enrayer et qu’il faut rectifier. Ce qui induit d’autres soucis ou dysfonctionnements qu’il s’agit aussi de contrebalancer. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la marmite explose.
Dans cette suite à «Alibi.com», on retrouve cette petite société modelée comme une start-up qui fournit sur commande des alibis souvent rocambolesques à des gens qui ont quelque chose à cacher. Comme dans le précédent volet, et comme dans les deux «Babysitting», l’affaire démarre doucement avant de s’emballer dans un torticolis de quiproquos absurdes.
Comme toujours, le rythme suit et le montage imprime un mouvement un poil trop rapide afin que l’ensemble paraisse incontrôlé (alors que tout est au contraire contrôlé à la virgule).
Le résultat est jubilatoire et drôle. La fraîcheur comique – même si elle est là depuis plus de quinze ans, la bande à Lacheau ne lasse jamais – de leur pochade séduit. Nous sommes pourtant loin de ce cinéma d’auteur que d’ordinaire nous défendons. Mais dans son genre, «Alibi.com 2» est tout à fait digne.
Note: **
«Un petit frère», saga afro-parisienne

Repérée en 2017 avec «Jeune femme», la réalisatrice Léonor Serraille a le chic pour rendre une précieuse singularité à l’histoire la plus banale. Hier, emporté par la comédienne Lætitia Dosch, c’était le solo d’une amoureuse un peu paumée dans un Paris rythmé par le jazz de Gil Evans.
Cette fois, une mère ivoirienne débarquée en banlieue à la fin des années 80 avec ses deux enfants donne le tempo. Jusqu’à nos jours, le clavier bien tempéré selon Bach rythme l’odyssée de Rose, Ernest et Jean. Chacun de leurs points de vue sera mis en avant, autre cadence de ce film à la mélancolie douce. Pour l’anecdote, la cinéaste s’inspire du vécu de son compagnon, père africain lui aussi.
Cette documentation sur le vif donne une qualité étrange au temps qui s’écoule, aux illusions dissoutes dans la routine du quotidien, reconstruites par les nouvelles générations. À la fois précis et bancal, un coup de sonde dans la précarité des grandes villes.
Note: **
«Girl Gang», toute seule au milieu de sa Toile

Sélectionnée dans de nombreux festivals, l’influenceuse de «Girl Gang» n’en finit pas d’influencer. Signe des temps, les rêves se mesurent ici en clics engrangés par la jeune Léonie. Couvée comme la poule aux œufs d’or par des parents qui se projettent dans ce prodige, la Berlinoise est courtisée par les marchands de toute espèce, nuggets, baskets, shampoing et autres produits prisés par les jeunes générations.
Tandis que le père signe les contrats, la belle retouche son maquillage sous son pseudo Leoobalys et s’épuise à communiquer avec ses «followers». Cet ange de pacotille, 14 ans, est filmé comme un cobaye de laboratoire sous cloche, prototype des monstruosités engendrées par une société «putaclic».
Véritable paradoxe ambulant, cette Berlinoise qui attire des millions de fans avec ses «posts», ne connaît aucune authentique vie sociale. C’est du moins la vision privilégiée par la réalisatrice allemande Susanne Regina Meures, formée à Zurich, qui l’a suivie durant quatre ans. Vide sidéral.
Note: **
«Titanic», e la nave va

Vingt-cinq ans déjà que James Cameron s’inquiétait d’avoir réalisé un film au charme si captif que le spectateur n’arriverait pas à sortir avant le générique de fin où s’époumone Céline Dion. D’ailleurs, le réalisateur conseillait aux exploitants de ne pas mettre d’entracte à la projection.
À l’époque, si quelques critiques boudèrent, le récit du plus fameux naufrage de tous les temps coula à pic ses détracteurs aussitôt sorti: 1,8 milliard de dollars au box-office mondial, record que l’auteur d’«Avatar» allait pulvériser dix ans plus tard.
Certifiée par 11 oscars, la perfection règne à tous les étages de ce palace flottant. De la reconstitution des intérieurs, peaufinée par une quinzaine de visites dans l’épave originale par Cameron en personne, aux effets spéciaux magnifiés avec un souci d’adéquation historique rare, «Titanic», c’est un billet pour «comme si vous y étiez».
En bonus, deux gamins craquants s’improvisent guides, le Californien Leonardo DiCaprio et l’Anglaise Kate Winslet, des tourtereaux alors à peine connus dont la caméra allait tomber définitivement amoureuse. À ne pas manquer sur grand écran.
Note: ****
«Magic Mike’s Last Dance», fin musclée

Il y a dix ans, Steven Soderbergh, le plus passionnant des auteurs de cinéma expérimental de «Kafka», «Traffic» à «Ocean’s 11» et autre «Solaris», produisait un premier «Magic Mike». Son acteur Channing Tatum se basait alors sur sa propre expérience quand il aspirait à réussir à Hollywood, charpentier de jour et strip-teaseur la nuit.
Triomphe inattendu, suivi d’un «XXL» qui fut très applaudi lui aussi. La saga de l’ouvrier musclé revient boucler le chantier en beauté. Son héros, 42 ans bourré d’adrénaline et de je ne sais quoi, promet en effet «Un Super Bowl du strip-tease», non épilé à la cire mais démangé par des contorsions bodybuildées. Dans son exil à Londres, où le danseur veut exporter l’art du mâle effeuillage, une riche cougar incarnée par Salma Hayek lui tient la main, Soderbergh la caméra. À vérifier sur pièces.
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