Alliée à l'UNIL, Chavannes se rêve en labo social
Un ambitieux projet sur 5 ans rassemble chercheurs et travailleurs sociaux afin d'améliorer la qualité de vie dans les quartiers.

Chavannes-près-Renens met la main à la pâte pour booster son action sociale. Lors de sa dernière séance, le 4 octobre, le Conseil communal a validé un projet assez inédit dans le but de développer la politique sociale de la commune, dont la population doit doubler à l'horizon 2025, pour atteindre 15'000 habitants. Sur le papier, il s'agit de l'octroi d'un crédit budgétaire de 1,7 million de francs qui permettra notamment, sur 5 ans, de renforcer le service de la Cohésion sociale (SCS) avec 1,2 équivalent plein-temps et de réorganiser son travail. Mais le projet doit également se construire en partenariat avec l'Université de Lausanne, qui ajoutera 1,16 million au budget global en mettant notamment à disposition l'équivalent de deux postes à plein temps.
Améliorer le climat
«L'UNIL est sur le territoire de la commune, pourquoi ne pas collaborer plutôt que travailler dans notre coin?» remarque Alain Plattet, nouveau chef du SCS et tête pensante de cette initiative, appelée «Cause commune». Dans ce projet, il collaborera avec le sociologue Dario Spini, professeur et directeur du Pôle national de recherche LIVES, dédié depuis 2011 aux vulnérabilités sociales et aux manières de les surmonter.
«Il y a dans les quartiers construits de Chavannes une densité de population égale à celle de Madrid. C'est énorme», constate Alain Plattet tout en relevant le manque de points de rencontre et même l'absence de centre. «Nous avons aussi une jeunesse assez exposée dans certains quartiers, avec des histoires qui ne sont pas simples. Tout cela pèse sur le climat de la commune.»
Le but de la nouvelle politique sociale sera de stimuler la création d'activités collectives, sportives ou associatives dans la commune. «Nous travaillerons par cycles d'une année consacrée à un quartier. Il y aura six mois d'écoute auprès de la population, trois mois consacrés à construire des microprojets avec elle et trois mois d'action et de communication. Le but est de créer des projets qui pourront continuer à vivre de manière autonome.» Au-delà de l'accompagnement du SCS, une partie du budget annuel – environ 50'000 francs – sera consacrée à la concrétisation des projets proposés par les habitants, ce qui inclura la location de locaux.
Universitaires sur le terrain
Et les chercheurs dans tout ça? «Ils seront sur le terrain, ils proposeront des idées et resteront pour les accompagner. Pour eux c'est un changement de posture, mais il y a à gagner des deux côtés», se réjouit Alain Plattet. «D'autres projets similaires existent certainement, mais pour moi et de nombreux chercheurs, c'est tout à fait novateur», estime quant à lui Dario Spini. À ce stade, un poste temporaire à mi-temps a été créé pour trouver des financements et des membres de l'équipe de recherche LIVES investissent déjà une partie de leur temps de travail. «Le projet a aussi une valeur pédagogique, puisque des étudiants en cours de master y ont déjà consacré plusieurs heures.»
«Les chercheurs seront sur le terrain, ils proposeront des idées et resteront pour les accompagner»
Sur cinq ans, il est prévu que les chercheurs observent l'impact du projet «Cause commune» en réalisant une enquête longitudinale, à savoir une enquête répétée dans le temps auprès de la population. «Des études universitaires montrent que les inégalités sociales sont un facteur d'obésité par exemple, observe Dario Spini. La question est de savoir comment agir localement pour contrer ces effets. Nous souhaiterions notamment pouvoir dire si le renforcement de l'intégration sociale et la participation à des activités de groupe ont un impact sur la santé physique des habitants.» Il relève également que les collectivités n'ont pas toujours les outils à disposition pour évaluer l'impact de leur action sociale. «Nous voulons créer une méthodologie qui pourrait être transposée à d'autres communes.»
Le coup d'envoi de «Cause commune» est prévu pour le 1er janvier prochain, pour autant que Chavannes-près-Renens obtienne des financements qui lui permettront de ne pas assumer l'entier du 1,7 million de francs qui constituent la part communale du projet. Pour cela, selon le préavis, elle l'adressera en particulier au Canton, afin d'obtenir quelque 830'000 francs sur cinq ans.
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