Poésie lyriqueAmoureuse et sentimentale, Pretty Yende a séduit Saanen
La soprano sud-africaine, nouvelle star des grandes scènes, a offert un récital subtil et lumineux, mercredi au Gstaad New Year Music Festival. Critique.

Son charme est magnétique. Son sourire et son regard, lumineux. Pretty Yende était de retour au Gstaad New Year Music Festival. Et c’est avec un programme subtilement imaginé autour de l’amour que la belcantiste a déployé sa richesse vocale, des legatos soufflés avec une tendresse raffinée aux aigus vertigineux qui lui ont ouvert la porte des plus grandes maisons internationales. Mercredi soir, on en oubliait presque la température et l’acoustique rétives de l’église de Saanen.
Dans sa robe orange brodée de papillons, accompagnée au piano par Vanessa Garcia Diepa, la Sud-Africaine s’est faite tour à tour séductrice, mutine, tragique et déchirante… pour dérouler un récital qu’elle a voulu poétique et sentimental, majoritairement tissé de mélodies italiennes et françaises du XIXe et du début du XXe siècle. Pretty Yende a convoqué les poèmes et passions amoureuses mis en musique par Rossini, Bellini, Donizetti, Debussy, Liszt ou encore Giménez, en touche finale plus frivole et entraînante.
Une technique vocale virtuose
Il manquait sans doute des grands airs pour embarquer totalement le public (pas toujours averti) du festival. Après avoir démontré toute la palette de sa technique virtuose avec quatre œuvres des compositeurs italiens, la soprano a semblé comme étriquée dans les airs de Debussy («Beau soir», «Fleur des blés» et «Clair de lune»). Mais avec Liszt et les «Tre Sonetti di Petrarca», le temps a soudainement semblé suspendu au souffle de l’artiste. Les aigus, grandioses, modulaient la souffrance amoureuse. Avec autant de raffinement que d’intensité, Pretty Yende a littéralement chargé l’air d’émotions. La magie et la séduction opèrent quand on la voit habitée par son chant. Mais aussi quand, une fois la dernière note évanouie, elle désamorce la tension avec un soupir ou un sourire complice. Tout en naturel et authenticité.
Gstaad New Year Music Festival, jusqu’au 9 janv.
Au programme entre autres: Roberto Alagna, sa 7 janv. (19 h).
Infos: www.gstaadnewyearmusicfestival.ch
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