Les Suisses ne se sont pas arrêtés aux applaudissements. La crise de coronavirus a permis de jeter une lumière crue sur les difficultés d’une profession essentielle à notre système de santé. Une initiative qui passe, c’est très rare, et avec quelque 60% de oui, n’ayons pas peur des mots, le texte sur les soins infirmiers a fait un carton.
Mais le plus dur reste à faire. L’article constitutionnel que la population vient d’approuver doit désormais être mis en application. Et là, c’est une autre paire de manches. En Suisse, le peuple à certes le dernier mot, mais c’est bien le parlement qui formule les lois.
L’initiative est à ce point rédigée en termes généraux qu’elle laisse la porte ouverte à mille possibilités de la mettre en œuvre. Et l’histoire montre que les Chambres – au gré des majorités – n’ont que peu de scrupules à façonner les compromis qui les arrangent. L’initiative des Alpes ou celle contre l’immigration en savent quelque chose. Les intentions du peuple sont bien vite passées à la moulinette des réalités politiques.
«L’histoire montre que le parlement – au gré des majorités – n’a que peu de scrupules à façonner les compromis qui l’arrangent.»
Lors de la campagne, plusieurs opposants au texte ont d’ores et déjà affirmé qu’ils n’allaient de toute façon pas offrir plus que le contre-projet qui s’est fait balayer ce dimanche. Et attention à la fragilité des soutiens. Durant la campagne, on en a vu des ministres cantonaux appuyer l’initiative, alors qu’ils ont à charge les hôpitaux sur leurs terres et sont donc capables de changer aujourd’hui déjà la réalité des infirmiers et infirmières. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
En renonçant au contre-projet, les défenseurs du personnel soignant ont peut-être oublié la dure réalité des majorités politiques. L’euphorie pourrait donc bien être de courte durée.
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Commentaire – soins infirmiers – Après la fête, la gueule de bois?
Le peuple offre un plébiscite à l’initiative du personnel soignant. Pas sûr que le parlement n’arrive à transcrire dans la loi ses aspirations.