Après les tensions, les partis du centre veulent s'émanciper
A l'étroit en 2011, les partis du centre prennent leurs aises. Leur présence au Grand Conseil les a grisés, malgré les dissensions.

Ça y est, les centristes vaudois semblent avoir repris du poil de la bête. 2015 sonne comme l'année de l'émancipation, celle où ils prendront leur courage à deux mains pour les élections fédérales d'octobre. Grisés par leur rôle de faiseurs de majorité au Grand Conseil, la création de plusieurs sections et des nouveaux fonctionnements, les partis démocrate-chrétien et Vert'libéral semblent avoir oublié les fortes dissensions internes de l'an dernier, parfois à la limite de la guerre de tranchées. Aujourd'hui, ils espèrent un troisième siège, en plus de ceux du démocrate-chrétien Jacques Neirynck et de la Vert'libérale Isabelle Chevalley, entrée au parlement en 2011 en piquant un siège à l'UDC. Si le scénario d'un apparentement avec les petits partis du centre est plus que probable, ceux-ci n'ont pas encore arrêté leur stratégie (lire ci-dessous).
Le poids des Vert'libéraux
En 2011, les deux partis avaient lancé un ticket commun pour le Conseil des Etats, avec Claude Béglé (ancien président de la Poste durant 19 mois entre 2008 et 2010, sans mandat politique) et Isabelle Chevalley. Le poids électoral du centre (avec les petits partis alliés) était de 10,25%, contre 9,4% en 2007. «Cette année, nous espérons arriver à 15%», souligne Axel Marion, président du PDC.
Dès lors, en 2015, chacun lance son propre duo: Jacques Neirynck et Claude Béglé pour le PDC; Isabelle Chevalley et le député Laurent Miéville pour les Vert'libéraux («24 heures» des 25 et 28 janvier). En terres vaudoises, le centre a pris ses aises depuis les élections cantonales de 2012. Cette année-là, il alignait quatre candidats de quatre partis différents pour la course au Conseil d'Etat. Et ils passaient de neuf à treize députés au Grand Conseil. Ainsi, le nombre de Vert'libéraux a augmenté de trois à sept élus. Les démocrates-chrétiens ont quatre sièges, tandis que Vaud Libre a deux députés, dont un récent transfuge libéral-radical. Soit 13 députés qui font tampon, et donc parfois décident du résultat des débats, entre 64 élus de gauche et 73 de droite.
Profiler la relève
Le fait que chacun parte séparément aux Etats s'explique entre autres par la stratégie des Vert'libéraux. Le parti était surtout connu grâce à ses têtes historiques, des dissidents du Parti libéral et créateurs du mouvement «Ecologie libérale»: Jacques-André Haury, Régis Courdesse et Isabelle Chevalley. En plein trend ascensionnel depuis les dernières élections, l'idée est de profiler la relève. «C'est un choix délibéré pour montrer que de nombreuses forces sont présentes dans le parti», note Régis Courdesse, ancien président du parti et actuel chef du groupe au Grand Conseil.
Position identique d'Isabelle Chevalley: «Nous voulons montrer que les électeurs peuvent avoir confiance en la relève des Vert'libéraux. Il s'agit de préparer ma relève.» Le PDC, lui, est presque tributaire de la volonté d'émancipation de ses collègues. S'ils partent seuls, le PDC doit le faire aussi. Ce qui l'arrange pour caresser les sensibilités de ses deux candidats alors que le parti semble manquer de relève. Jacques Neirynck avait peu goûté l'an dernier que son parti ne veuille pas de lui sur la liste aux élections fédérales. Entre coups de gueule et attaque dans les médias, la rupture semblait consommée entre lui et Claude Béglé. «Ce ticket au Conseil des Etats montre un parti uni, analyse Jacques Neirynck. C'est la preuve que les soucis de l'an dernier ont été créés par les médias.»
Nouvelles méthodes
Depuis 2011, les deux partis ont dû modifier leurs façons de travailler. D'un côté, le Parti vert'libéral a dû apprendre à ne plus être qu'une arrière-cour du groupe parlementaire au Grand Conseil. Pour preuve, son président depuis l'an dernier, François Pointet, n'a aucun mandat politique, contrairement à ses deux prédécesseurs, les députés Jacques-André Haury et Régis Courdesse.
Côté démocrate-chrétien, le parti a «formalisé» son fonctionnement, selon le mot de son président, Axel Marion. Pour mieux grandir, il a fallu créer des systématiques, ne serait-ce que dans les rencontres régulières avec les sections régionales.
Avec les libéraux-radicaux?
Si le centre s'est fait sa place depuis 2011 dans le canton, certaines voix – certes encore anonymes – se font entendre pour dire leurs craintes. L'une d'entre elles vise le Parti bourgeois-démocratique, issu d'une dissidence de l'UDC. Pour certains centristes, ses membres sont trop à droite, d'où une difficulté morale de s'y allier.
La principale crainte est celle du plafond auquel le centre risque de se heurter. «Tôt ou tard, pour prendre de l'importance, la question d'une fusion du centre devra se poser», note un élu démocrate-chrétien. Certains vont même jusqu'à imaginer une grande alliance avec le Parti libéral-radical.
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