Pour les galeristes, la foire Artgenève est incontournable
Le 9e cru du salon ouvre au public jeudi: un exposant sur cinq est une galerie locale.

Avec une fréquentation de 25'000 personnes sur quatre jours lors de sa dernière édition, Artgenève attire beaucoup de monde en très peu de temps. Une visibilité recherchée par un grand nombre de galeristes, désireux d'y rencontrer de nouveaux clients potentiels. La 9e édition s'ouvre jeudi: sur 84 galeries participantes, pas moins de 16 ont un lieu d'exposition à Genève, soit près d'un cinquième du chiffre total. Et une poignée d'autres sont romandes, à l'instar des galeries lausannoises Heinzer Reszler ou Fabienne Levy.
«Toute personne qui s'intéresse à l'art à Genève s'y rend au moins une fois», assure Barth Johnson, directeur de Wilde. C'est que pour le collectionneur, toujours plus sollicité avec l'explosion du nombre foires d'art – il y en aurait aujourd'hui autant que de jours dans l'année –, le salon reste un moyen simple et rapide de faire le tour des enseignes les plus importantes de la région. «Les collectionneurs font en moyenne trois, voire quatre foires par année, deux grandes foires, comme Art Basel ou Frieze, et celle qui se trouve près de chez eux», ajoute le successeur de Guy Bärtschi.
Les atouts de l'anonymat
Mais il y a une autre raison qui pousserait l'amateur d'art à privilégier ce type de manifestation: son anonymat. En effet, contrairement à une galerie, où il faut généralement se présenter, la foire offre une certaine discrétion, appréciée des collectionneurs romands. Les galeristes sont d'ailleurs plusieurs à l'affirmer: ils ne voient certains de leurs collectionneurs qu'une fois par année, à Artgenève. Car faire partie d'un salon reconnu, c'est également un gage de qualité qui rassure le client. «Les collectionneurs passeront plus facilement à l'achat auprès d'une galerie qu'ils ne connaissent pas si elle fait partie d'une foire internationale», admet Pierre Geneston, directeur de l'antenne genevoise de Xippas.
S'ils sont chaque année toujours plus nombreux à vouloir faire partie d'Artgenève – le comité aurait reçu plus de 250 dossiers cette fois-ci – c'est que commercialement, la foire est un succès. Discrets sur le montant des transactions, les galeristes y vendraient en moyenne entre trente et quarante pièces par édition. Un nombre en constante augmentation, selon Pierre Geneston, qui rappelle toutefois que la réussite financière d'un salon se chiffre sur six mois. «Pour certaines institutions, comme les banques ou les musées, le processus d'acquisition peut s'avérer très long car chaque achat doit au préalable être validé par le comité. Il n'est pas rare que l'on m'appelle plusieurs mois après la foire pour me demander si telle ou telle œuvre est toujours disponible.»
Mais s'ils vendent plus, c'est également parce qu'Artgenève leur permet de rencontrer toujours de nouveaux clients. «Après trente ans de métier, je suis toujours surpris lorsque je fais la connaissance d'un couple de collectionneurs vivant dans la région, mais que je n'ai jamais croisé en galerie», s'étonne, en souriant, Pierre-Henri Jaccaud, fondateur de Skopia.
Alors, afin de séduire un maximum de gens, les galeristes exposent ce qu'ils ont de mieux ou de neuf dans leur répertoire. «Le stand d'une galerie, c'est un peu comme sa carte de visite, cela permet d'apprécier son travail dans son ensemble, mais également de suivre l'évolution d'un artiste ou d'en introduire un nouveau», explique Barth Johnson. Et éveiller ainsi l'intérêt d'un collectionneur, en vue d'une prochaine exposition.
Le Solo Show
C'est ainsi que, cette année, son stand comptera notamment un Christ d'Adel Abdessemed, avant son exposition à la galerie en septembre; l'artiste franco-algérien travaille en ce moment même sur la scénographie d'une pièce qui sera jouée à l'été au Grand Théâtre, nouveau partenaire de la foire. Quant à Skopia, seule galerie genevoise à faire encore partie d'Art Basel, numéro 1 des foires au monde, son directeur admet que même si «les enjeux à Artgenève ne sont pas les mêmes qu'à Bâle», montrer un seul artiste serait prendre un risque commercial trop important. En effet, le ticket d'entrée pour un stand y est environ trois fois plus élevé que celui d'Artgenève, soit 70'000 francs contre près de 25'000.
Alors pour permettre aux galeristes de présenter tout de même des expositions monographiques, cœur de leur métier, Artgenève a mis en place le Solo Show. Soit une exposition d'un seul artiste dans un espace plus petit, attenant au stand principal, et mis au concours. Chaque année, la meilleure proposition se voit ainsi couronnée par un prix décerné par l'horloger genevois F.P. Journe. Grâce à celui-ci, l'œuvre primée est offerte en donation au Mamco, qui ne dispose pas de budget d'acquisition. Ou comment faire d'un coup plusieurs heureux! Et c'est peut-être là que réside la plus grande force de Thomas Hug, fondateur et directeur d'Artgenève. «Les galeristes, c'est un monde individualiste, souligne le conseiller d'art genevois Philippe Davet. Thomas a cette capacité d'écouter les gens et de satisfaire le plus grand monde tout en les fédérant autour d'un projet. Pour qu'un tel dessein réussisse, il faut placer les intérêts communs avant les personnels.»
Quelques absents
Mais alors qui sont les grands absents de ce 9e cru? Interrogé sur la raison de sa non-participation, Jordan Lahmi, directeur d'Opera Gallery, admet s'être vu refuser l'entrée il y a quelques années. Échaudé, il a depuis préféré se tourner vers la Brafa, à Bruxelles, se déroulant au même moment qu'Artgenève.
Quant à la Galerie des Bains, qui aurait soumis son dossier un poil trop tard, elle ne désespère pas. «David LaChapelle nous a ouvert beaucoup de portes, on verra l'année prochaine», souffle son directeur, Cédrik Pagès. «Il est toujours difficile de dire non à une galerie genevoise, mais il en va de la réputation de la foire», conclut Stéphane Ribordy, directeur de Ribordy Thétaz et membre du comité de sélection d'Artgenève.
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