ThéâtreAu 2.21, les solos révèlent une pluralité de styles
Huit propositions nourrissent la 2e édition de «Singuliers Pluriel», festival dédié aux seuls-en-scène. Zoom.

Seul sur les planches, un artiste peut aussi bien dérouler un soliloque ambitieux, chuchoter une histoire intime, explorer des espaces infinis. Le solo ne restreint pas. Au contraire, il invite à déployer un imaginaire. Le vocabulaire est lui aussi multiple: monologue, solo scénique, seul-en-scène. Preuve que la forme peut elle aussi revêtir des variations multiples.
Le 2.21 révélera ces richesses lors de la deuxième moisson de son festival dédié aux seuls-en-scène, «Singuliers Pluriel» (remarquez la petite subtilité dans le titre!). Après un premier essai réussi en janvier 2018, l'expérience reprend vie pendant trois semaines. Jusqu'au 13 octobre, huit propositions (dont cinq créations) essaimeront entre les murs du théâtre lausannois, les unes s'habillant de musique et d'effets sonores, les autres se focalisant sur le texte.
Grande variété d'interprètes
«Ces huit spectacles dénotent une belle variété de styles, mais aussi d'interprètes, qui sont issus d'univers très différents», souligne Michel Sauser, directeur du théâtre et metteur en scène de «Lausannois.e.s». Des exemples? «Élodie Masin vient du monde de la littérature, Fred Mudry est musicien… Christian Waldmann a lui aussi un parcours atypique, puisqu'il a été travailleur social.»
Si fructueux soit-il, le déploiement de la forme du solo répond aussi aux impératifs qui touchent la scène théâtrale actuelle: économiques (moins de monde, donc moins de frais), logistiques (pas de gros décors) et organisationnels (un seul interprète, donc plus facile de fixer les dates d'une tournée). Regroupés au sein d'un festival, les artistes de première cuvée de «Singuliers Pluriel» avaient ainsi gagné en visibilité. Plusieurs d'entre eux tournent encore leur spectacle.
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«Baleine»

On pense évidemment à «Moby Dick» en lisant la description de «Baleine», spectacle écrit et mis en scène par Simon Vincent et interprété par la comédienne Anne-Laure Sanchez. Mais à la différence d'Ismaël (héros du roman de Melville), le protagoniste n'a jamais quitté le port. «Baleine», c'est peut-être l'histoire d'un homme, dans une ville du bout du monde, coincée entre les hautes falaises et l'océan; une fuite avortée, loin de tout; une solitude», écrit Simon Vincent. Ce seul-en-scène a été créé en juin dernier dans le cadre du festival des caves, à Besançon.
Du 27 au 29 sept.
«Lausannois.e.s!»
Une vingtaine de comédiens amateurs, issus des ateliers théâtre de l'espace Mont-Blanc, donneront vie à des personnages nés de l'imagination d'une trentaine d'auteurs lausannois. Ces hommes, ces femmes, jeunes ou âgés, ont tous un point commun: leur cadre de vie est la ville de Lausanne. Une première mouture de ce spectacle a été présentée en juin dernier. Une quarantaine d'interprètes amateurs avaient alors emmené les spectateurs du 2.21 dans une déambulation poétique à la découverte du quotidien fictif, rêvé ou transposé, de ces personnages attachants. Sous la baguette de Michel Sauser, les comédiens donneront un nouveau souffle à un florilège de ces textes.
Du 4 au 6 puis du 11 au 13 oct.
«Écoute les oiseaux! Tu sais ce qu'ils disent?»

Il est arabe, elle européenne. Issus de traditions, de communautés religieuses et culturelles très différentes, ils vivent une histoire d'amour parsemée de tensions et de disputes, mais aussi de réconciliations et d'échanges intimes, tendres ou érotiques. «Ce texte est né d'un processus de rencontres avec des personnes de plusieurs pays, dans le cadre de mes études à l'Institut littéraire suisse», dévoile Élodie Masin, à la fois auteure et interprète de ce spectacle mis en scène par Cecilia Galindo et Angela Koerfer-Bürger. «L'enjeu de ce solo est de montrer deux personnages dans un même corps, entre énergie féminine et masculine reprend Élodie Masin. L'idée est d'exposer deux formes de dualité: entre deux personnes et au sein même d'un individu.»
Du 1er au 6 oct.
«Blackout»

«Blackout» fait écho aux lendemains d'hier. À ce moment où l'on se dit: «Pourquoi j'ai picolé autant?» ou l'inénarrable «Je ne boirai plus jamais». Christian Waldmann a choisi de questionner le rapport à l'ivresse dans ce solo décliné en tableaux comme autant de saynètes pointant, par bribes, des moments du lendemain d'une soirée un peu trop arrosée. «J'ai été inspiré par l'histoire d'Hervé Chabalier, fondateur de l'agence CAPA et notamment par son livre, «Le dernier pour la route», carnet de bord de sa cure de désintoxication à La Métairie, à Nyon», rapporte le comédien, qui signe le texte et la mise en scène. Pour composer son seul-en-scène, épaulé par Claire Deutsch et Michel Sauser, Christian Waldmann s'est interrogé sur l'étiquette sociale accolée à la personne dite alcoolique. «L'alcool, ça commence en groupe, il y a l'idée de convivialité, observe-t-il. Mais ça finit tout seul. Quand on passe du côté de la maladie, ça devient le problème de la personne. L'alcoolique est jugé coupable.»
Du 8 au 13 oct.
«L'étendoir, écho d'un lavoir collectif»
Vous l'entendez, ce bruit si particulier de la machine à laver? Ce ronronnement lancinant et les cliquetis dans le tambour, rythmant le cycle de nettoyage. Et l'odeur de la lessive, de l'adoucissant, du linge propre… L'univers familier de la buanderie forme l'écrin de «L'étendoir, écho d'un lavoir collectif», solo né de la plume d'Océane Forster et interprété par Alicia Packer, qui cosigne la mise en scène avec Tamara Lysek. Le synopsis? Une jeune femme fait sa lessive dans la buanderie, au sous-sol de son immeuble. L'attente la plonge dans ses pensées. Petit à petit, ses rêveries la mèneront à questionner sa relation avec sa mère, le rapport de la figure maternelle à la sexualité, à son corps de femme. «L'histoire prend place dans un lieu réaliste, mais le texte part dans le lyrisme, décrit Alicia Packer, formée à l'École Serge Martin, à Genève. Dans nos créations (ndlr: la comédienne et Tamara Lysek ont fondé la Cie Porte-Bagages), on aime partir d'un élément du quotidien. Le spectateur peut ainsi se raccrocher à quelque chose de très concret.»
Du 24 au 29 sept.
«Neige silencieuse, neige secrète»

Formée aux Teintureries, Laure Nathan a ressenti un véritable coup de cœur à la lecture de cette nouvelle de l'écrivain américain Conrad Aiken, dont elle signe l'adaptation théâtrale et la mise en scène. Elle dépeint le récit comme une traversée: «Le protagoniste se réveille un matin, entend des sons qu'il connaît par cœur mais qui, ce jour-là, sont plus doux, plus mystérieux. Il se dit qu'il a neigé, mais non, raconte l'actrice, qui s'essaie pour la première fois au monologue. Il gardera en lui cette sensation de neige. Plus la journée avancera, plus il lui sera difficile de vivre la réalité.» La comédienne a été touchée par l'écriture, forte, naviguant entre réalité âpre et rêve éveillé. «Ce qui m'a plu dans ce personnage, c'est qu'il cherche à décrire ses émotions, ses zones d'ombre, ses désirs de vie, de mort, d'absolu. Il nous plonge dans une forme d'intimité avec lui-même et avec les mots.»
Du 24 au 29 sept.
«Luna Park»

Une crise existentielle. Le protagoniste de «Luna Park» est soudain pris dans un amoncellement de pensées qui, dans un tourbillon enivrant, passent du coq à l'âne à un rythme effréné. «Les seules choses qui le rassurent, ce sont les petits poèmes qui jaillissent de ses éclats de pensée, explique Alain Mudry, auteur et interprète de ce seul-en-scène. Puis survient une crise d'épilepsie, il vivra un «reset», sa pensée sera comme annulée.» Énergique et visuel, ce solo est accompagné d'une partition musicale omniprésente. Logique, puisque Alain Mudry est guitariste et chanteur avant d'être comédien. Créé l'année dernière au Petit Théâtre de Sion, ce spectacle se démarque par un dispositif scénique audacieux… mais le dévoiler gâcherait l'effet de surprise.
Du 1er au 6 oct.
«Mama»

Quatre figures féminines (la mère, la petite fille, la vierge et la putain) traversent ce spectacle écrit au plateau par Margot Van Hove avec la complicité de Floriane Mésenge, qui en signe la mise en scène. «Le texte questionne les stéréotypes que la société attribue aux femmes. Il invite à un voyage à travers tous ces archétypes, dépeint Margot Van Hove, lauréate du Prix Premio 2019. Le personnage essaie d'être toutes ces femmes à la fois.» La comédienne a amorcé ce travail d'écriture lors de sa formation à La Manufacture. «Nous devions écrire un solo. Je me suis intéressée à la figure de la mère, à la maternité, au lien mère-enfant, relate-t-elle. J'ai voulu retravailler sur cette thématique, qui s'est élargie à la féminité sous toutes ses facettes. Je me suis interrogée sur ma place de femme au sein de ma famille.»
Du 8 au 13 oct.
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