Au Bleu, les Rambling Wheels attendent les petits hommes verts
Le quartette neuchâtelois joue jeudi au Bleu Lézard son nouveau disque inspiré de «La guerre des mondes», rêverie spatiale et baroque'n roll.

Le rock en quatre accords mène à tout, à condition d'en sortir. Quand l'oreille percute l'astéroïde sonique de «Radio Reverse», on se creuse la tête pour y retrouver les quatre Neuchâtelois qui, il y a quinze ans, ratissaient à larges coups de riffs à la Kinks le terreau gras du rock garage suisse, alors fort à la mode. Les gars des Rambling Wheels n'ont pas changé, même pas blanchis, en tout cas pas modifié leur personnel, rarissime exemple de groupe d'amis continuant vaille que vaille à jouer en semi-professionnels. Leur musique, en revanche, modifie ses couleurs à chaque nouvel album, surprend et démontre la valeur de cette formation à la régularité (évidemment) horlogère.
«Radio Reverse», donc. Ce cinquième disque a trouvé son thème dans «La guerre des mondes» de H. G. Wells, dont le presque homonyme Orson avait orchestré un canular radiophonique en 1938. Entre manipulation des masses, paranoïa militaire, armadas extraterrestres et invasion planétaire, les Rambling Wheels ne choisissent pas et cuisinent en douze chansons leur propre odyssée musico-fantastique, adaptant leur art de la composition concise et efficace à un décor sophistiqué et baroque, capturé sur du matériel d'époque – celle, bénie, des seventies. Le disque séduit en lui-même, bien qu'il ait existé plus tôt comme la bande-son d'un… opéra pop!
«Le Théâtre du Passage, à Neuchâtel, nous avait donné carte blanche pour créer un spectacle sur sa scène, explique le chanteur et guitariste Raphaël Weber. Nous avons eu cette idée inspirée de la double thématique de «La guerre des mondes», le roman et la pièce radiophonique. Jouer dans un théâtre, changer de format, c'était une évolution assez logique dans notre envie d'essayer des choses nouvelles, comme la tournée acoustique que nous venions d'achever. On a toujours été intéressé par l'aspect visuel de la musique. Ça nous donnait aussi un joli projet – des musiciens qui ne vivent que du rock en Suisse, il n'y en a pas, à moins de faire de la pub pour La Poste ou pour le lait.» Dont acte. Mis en scène par Robert Sandoz, «Interstellar Riot» fut créé et joué au printemps 2017.
L'invasion des synthés seventies
Dix-huit mois plus tard, l'objet sonore identifié survole les bacs à 33 tours et les plateformes d'écoute. Il sera joué jeudi à Lausanne, dans une forme «brute» cohabitant avec des titres plus anciens. «À Bruxelles, où nous avions enregistré, il y avait toutes sortes de synthétiseurs vintage, se souvient le batteur Bastien Bron. On a clairement profité de cet environnement pour donner au disque son identité.» Loin du rock garage des débuts? «Cela fait longtemps qu'on a arrêté de se poser cette question. Vers 2009 déjà, on se sentait un peu coincé, on en avait marre de se demander si tel ou tel riff sonnait «comme du Rambling Wheels». Depuis, on se lâche.»
Et ça fonctionne. En 2011, le quartette séduit large avec «The 300'000 Cats of Bubastis». Il pousse plus haut encore ses ambitions, trois ans plus tard, avec le disque concept «The Thirteen Women of Ill Repute», album de cabaret western porté par le gouleyant single «Marylou». Désormais, les Neuchâtelois ont la tête dans les étoiles mais un œil dans le rétroviseur – comme tant d'albums depuis «Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band», leur cavalcade conceptuelle doit beaucoup à la luxuriance inventive des Beatles période moustaches. Modeste, Raphaël Weber situe plutôt son influence dans un bocal de rock progressif qu'il peut aujourd'hui secouer sans risquer les lazzis de ses camarades. «Yes, King Crimson, Genesis, j'ai écouté ça plus jeune. Je n'ai forcé personne mais cette tradition est remontée à la surface comme une suite logique.» Le principe de la roue.
Lausanne, Bleu Lézard Je 22 nov. (21h) www.bleu-lezard.ch
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