Festival des arts vivantsAu far°, ce week-end, on défie l’espace, le temps et l’individu
Trois créations glanées dans le catalogue nyonnais transcendent artistiquement nos normes conceptuelles.

Rebaptisé «Communs singuliers» depuis le début de la crise pandémique, le far° profite des brèches dans les mesures sanitaires pour décliner ses volets successifs. L’épisode #6, qui se déroule jusqu’au 21 août, s’essaie à «redessiner une cartographie du proche et du lointain par des pratiques, une parole et des rituels détournés», selon la directrice Véronique Ferrero Delacoste et son équipe. Cette volonté prend dans les prochains jours la forme de trois propositions originales.
Dans «Autostop (1re étape)», qui se dédouble en une performance et une installation vidéo, Floriane Mésenge, Maxime Gorbatchevsky et Jean-Daniel Piguet mettent en commun leurs expériences de déplacements effectués en levant le pouce. Les relations éphémères nouées à l’intérieur d’un habitacle lancé sur la route, note le trio, permettraient en effet un «accès facilité à l’essentiel». Ainsi la conceptrice et ses deux comédiens livrent des bribes de ces échanges privilégiés touchant tour à tour les «gilets jaunes», le nucléaire, les conflits géopolitiques, le féminisme, la précarité ou l’amour: autant d’instantanés d’une réalité collective saisis dans le mouvement.

Depuis 2019, Laurent Pichaud se penche dans le cadre du far° sur la notion de jumelage, histoire de révéler des connivences entre les habitants du district de Nyon, de France et jusqu’aux quatre coins du globe. Cette édition, il organise sa quête autour du mot «frairie», emprunté à l’ancien français, et évoquant aussi bien la confrérie que la prairie. En trois actes distincts, l’artiste français lance ainsi «…en jumelle – la frairie», soit des jeux, des balades, des chorégraphies en vue de relier «ce qui se passe ici et maintenant avec ce qui se passe là-bas et maintenant».
Enfin, la chorégraphe, pianiste et pharmacienne gréco-berlinoise Elpida Orfanidou se penche sur la composante collective des traditions. Avec «Songtellers», elle invite le festivalier individuel à échanger en tête-à-tête à partir d’une chanson folklorique grecque, recousant provisoirement les cicatrices entre «le proche et le lointain, le familier et l’inconnu, l’ordinaire et le magique».
«Autostop (1re étape)», performance jusqu’au 17 août à 18 et 20 h, installation jusqu’au 21; «…en jumelle – la frairie», ces sa dès 17 h et di dès 11 h; «Songtellers», jusqu’au 19, 7 rendez-vous quotidiens, www.far-nyon.ch
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