«C'est un rêve que je n'osais assouvir, avant de pouvoir le vivre, d'affirmer un chant, au propre et au figuré.» Alors que vient de sortir son ballon d'essai, le mini-album de 4 titres Mon âme, la Lausannoise Aurelia a enfin fait le pas pour s'assumer, le plus pleinement possible, comme chanteuse. «A l'aube de la trentaine, je me suis dit que la vie était courte et qu'il fallait s'y atteler sérieusement.» Son projet, lancé sur une plate-forme de financement participatif, a rapidement réuni les fonds nécessaires pour démarrer.

La jeune femme chante depuis longtemps, s'essayant à des formations classiques pendant ses études. «Je pense que mes compositions gardent cette empreinte initiale.» Des lectures en chanson, de premiers exercices dans un groupe de jazz l'ont finalement conduite à se laisser guider avec plus de force par l'attraction des mots et leur dimension sonore et expressive qu'elle prend très au sérieux en les travaillant même avec un comédien.

Mais, à l'heure, où la chanson ne se conçoit plus sans fards électroniques ou concepts sonores hardis, Aurelia persiste dans une facture à l'instrumentation traditionnelle: piano, accordéon, contrebasse et batterie. «C'est une vraie démarche de vie, intime, qui n'a rien de commercial. Je suis telle que je suis… Maintenant, est-ce que cela peut plaire, y a-t-il une place pour cela aujourd'hui?» La sincérité est en tout cas au rendez-vous, avec une belle gravité de propos (Le sens et Le monstre), infusée de mélancolie et servie par cette orchestration acoustique. Il faut lui arracher les noms de ses figures tutélaires – «ce sont de trop grandes personnes» – mais l'on comprend que Barbara et Brel brillent dans ses nuits.