Sorties littérature et BD Autant en emportent les livres
Pierre Alary revisite avec bonheur «Gone with the wind», Benoît Feroumont réanime sa comédie médiévale et Alain Freudiger écrit sur le téléphone.
Intemporels Scarlett O’Hara et Rhett Butler

Intemporel, «Autant en emporte le vent» fait partie des classiques de la littérature et du cinéma. Curieusement, cet incontournable n'avait pas trouvé jusqu’ici un grand écho en bande dessinée. Un manque comblé par Pierre Alary. Déjà auteur de deux adaptations remarquées des romans de Sorj Chalandon - les excellents «Mon traître» et «Retour à Killybegs» –, le bédéaste français met en images avec bonheur les personnages imaginés par Margaret Mitchell.

La détermination, l’égoïsme et la vanité de Scarlett O’Hara, le cynisme de Rhett Butler sont magnifiquement rendus à travers un scénario fluide, des cadrages soignés et un dessin d’une folle élégance. Avec une mise en couleurs privilégiant les tons monochromes, ce «Gone with the wind» tient toutes ses promesses.

Dos toilé et dorure à chaud: l’éditeur a mis le paquet pour emballer la première partie de ce récit de haut vol. Forme et fond concourent à faire de cet album un must.
«Gone with the wind»
Pierre Alary d’après Margaret Mitchell
Ed. Rue de Sèvres, 144 p.
Anne se fourre dans le pétrin,

Neuf ans après la parution du sixième tome de la saga «Le Royaume», on ne s’attendait pas forcément à ce que Benoît Feroumont réanime sa comédie médiévale. Bien sûr, un hors-série avait entretenu la flamme en 2019, mais les péripéties drolatiques de cette BD où tous les personnages s’expriment dans un langage moderne à l’image de la série télévisée «Kaamelot», paraissaient révolues. Au fil des ans, le dessinateur belge avait toutefois accumulé un joli paquet d’histoires courtes, voire très courtes.
Son éditeur a su s’en souvenir, ressortant du tiroir la jolie tavernière Anne et son soupirant malheureux, le candide forgeron François. Un ménestrel snobinard apporte du piment dans cette relation houleuse. Scénarisés notamment par Maïa Mazaurette et Clara Cuadrado, les gags de cette compilation voient le dessin de Feroumont évoluer légèrement. Et donne surtout envie qu’il se remette à sa série phare.
«Le Royaume», t. 7
Benoît Feroumont
Ed. Dupuis, 48 p.
Chroniques au bout du fil

Allo? Chacun a une histoire liée au téléphone, mais parce que l’objet est devenu omniprésent, on y pense rarement. L’auteur lausannois Alain Freudiger s’est penché sur l’appareil aux multiples révolutions, des cabines d’antan où l’on «confinait les conversations hors de chez soi» aux smartphones. Son délicieux recueil croque en de courts textes des situations désuètes ou contemporaines: bottins publics se refermant d’un coup sec avec un «bruit tonifiant», canulars enfantins, chaînes téléphoniques ou «tonalités déceptives» augurant un faux numéro. Il y a aussi l’appel passé de l’étranger, celui qui sonne dans le vide, celui qui ne trouve que le répondeur, ou qui vire à l’aigre… Espiègles ou un brin nostalgiques, ces saynètes, souvenirs ou réflexions font mouche, excellant à mettre en mots notre «condition téléphonique».
«Au téléphone»
Alain Freudiger
Éd. Héros-Limite, 92 p.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.