C’est un des arguments massue de la droite économique. Pour sauver l’AVS, il faut relever l’âge de la retraite des femmes. Après tout, vu qu’elles réclament l’égalité à tous les niveaux, ce serait bien qu’elles travaillent aussi longtemps que les hommes. Ainsi, notre sacro-saint premier pilier serait sauvé. Avec l’aide d’une hausse de la TVA et pour un temps au moins. Et puis, si elles pouvaient au passage aussi effectuer le service militaire, ce serait pas mal. Hein, y a pas de raison ma bonne dame. Toutes et tous dans le même char.
«Hein, y a pas de raison ma bonne dame. Toutes et tous dans le même char.»
Il y a pourtant d’autres moyens, tout aussi décoiffants, d’arriver à l’égalité en la matière. Par exemple, comme me le soufflait une collègue, en abaissant la retraite des hommes au même âge que celui des femmes, soit 64 ans. Cela aurait le mérite de tenir compte du fait que la catégorie des plus de 55 ans est déjà le groupe qui affiche le plus haut taux de chômage. On transférerait entre les deux assurances sociales les économies faites en matière de prestations pour celles et ceux qui n’ont plus d’emploi. Et puis, comme les femmes gagnent toujours en moyenne 19% de moins que les hommes, pourquoi ne pas déduire du salaire de ces derniers une contribution qui compenserait cette inégalité anticonstitutionnelle?
Si vous n’aimez pas, voici d’autres recettes. Puisque la retraite des femmes doit augmenter d’un an, on élève celle des hommes à 66 ans. On coupe ainsi la poire des efforts en deux et on double ce renflouage de l’AVS. Ce qui reporte de quelques années la prochaine réforme qui va toutes et tous nous faire travailler – ou chômer – jusqu’à 67 ans. Autre option: on retient du salaire de l’homme le temps que sa compagne ou épouse consacre au foyer, parfois en plus de son occupation professionnelle.
Cette «stabilisation» de l’assurance-vieillesse et survivants fait porter l’essentiel de la solidarité aux femmes. Cette réponse est aussi simpliste que celle de la gauche qui nous dit qu’il n’y a pas besoin de réforme, les comptes étant encore bénéficiaires, niant ainsi l’incontournable inversion de la pyramide des âges et ses conséquences sur les comptes de l’AVS. Bref, que ce soit oui ou non dans les urnes le 25 septembre prochain, mon petit doigt et ceux de tous les partisans d’une vraie égalité me disent qu’on va en reparler.
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Éditorial – AVS 21: l’égalité, oui, mais laquelle?