AVS21, c’est 10 milliards de francs d’économie entre 2022 et 2031, que seules les femmes vont devoir porter. C’est absolument inacceptable alors que les femmes sont désavantagées tout au long de leur carrière et finissent leur vie avec des retraites moins grandes que les hommes, tout en assumant une part de travail, salarié et non salarié, égale ou même plus grande que ceux-ci.
«Les travailleurs pauvres sont souvent des travailleuses.»
En effet, le travail rémunéré et non rémunéré est inégalement réparti entre les hommes et les femmes, qui ont moins accès au travail salarié mais assument une grande partie du travail non salarié. Un quart des mères ne sont pas professionnellement actives, contre seulement 5% des pères, et six femmes actives sur dix occupent en Suisse un temps partiel contre deux hommes sur dix. Cela signifie aussi des rentes plus basses et même, pour un tiers d’entre elles, aucune cotisation au 2e pilier. De plus, les travailleurs pauvres sont souvent des travailleuses: les femmes occupent presque les deux tiers des postes avec un salaire brut à plein temps inférieur à ce qu’on considère en Suisse comme un bas salaire.
Car si ce sont les femmes qui s’occupent des enfants, c’est souvent parce que ce sont elles qui ont les salaires les plus bas. En plus des salaires de misère, les inégalités salariales persistent. Selon les dernières statistiques, la différence salariale entre hommes et femmes a même augmenté! Elle a passé de 18,3% en 2016 à 19% en 2018. Par mois, cela représente 684 fr. de moins perçus par les femmes dans le secteur privé et 602 fr. dans le secteur public. Et c’est autant de cotisations en moins pour la retraite future. Si cette injustice était correctement combattue en Suisse, cela représenterait entre 750 et 850 millions de cotisations en plus par an pour l’AVS. En dix ans, cela correspond aux économies prévues avec l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes.
Une montagne d’inégalités
Donc les femmes souffrent toute leur vie d’inégalités flagrantes et cela s’aggrave au moment de la retraite. Elles assument en plus 70% du travail non salarié, aussi après la retraite, en tant que proches aidantes. Si on veut de l’égalité dans la retraite, il faut régler cette montagne d’inégalités plutôt que de commencer par l’instaurer en défaveur des femmes en les faisant travailler une année de plus et assumer seules la réforme de l’AVS.
Mais en plus, augmenter l’âge de la retraite des femmes correspond à une augmentation du temps de travail. En 2003 déjà, le Conseil fédéral proposait d’augmenter l’âge de la retraite à 67 ans pour tout le monde. Les Jeunes PLR sont en train de récolter une initiative pour une retraite à 66 ans pour tout le monde. Alors que nous avons d’autres moyens, plus justes et plus solidaires, pour financer nos retraites, augmenter de l’âge de la retraite des femmes n’est qu’un premier pas pour l’augmenter chez tout le monde. Mais pour la population, ce sera aussi l’occasion de dire qu’elle ne négociera pas sur ce point!
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L’invitée – AVS21, une grande escroquerie aux dépens des femmes
Léonore Porchet s’oppose à l’idée d’une augmentation de l’âge de la retraite des femmes.