SyrieBana, la fillette d'Alep qui met en émoi la twittosphère
Une petite fille de sept ans et sa mère communiquent tous les jours sur leur vie sous les bombes.
En trois mois, Bana, une Syrienne de sept ans qui twitte avec sa mère sur l'enfer quotidien à Alep, est devenue la coqueluche des réseaux sociaux. Elle livre des tranches de vie émouvantes dénoncées comme de la propagande par le régime de Bachar el-Assad.
La petite Bana Al-Abed a suscité l'émoi dimanche soir en «disparaissant» de Twitter au moment où l'armée s'approchait de sa maison à Alep-Est, secteur rebelle violemment bombardé depuis le 15 novembre par le régime. Mais elle est réapparue mardi pour rassurer ses 213'000 followers: «Bonjour mes amis, comment allez-vous? moi je vais bien», a-t-elle twitté.
«Notre maison a été endommagée par un bombardement» et l'armée «s'est beaucoup approchée de notre quartier», a expliqué son père Ghassan al-Abed, alors que les troupes progouvernementales se sont emparées des deux tiers d'Alep-Est. «Nous avons fui vers un autre (quartier) à Alep-Est et la famille va bien», mais «le réseau internet était très faible», a-t-il dit.
Enfants «symboles»
En près de six ans de conflit destructeur en Syrie, de nombreux enfants, identifiés ou anonymes, ont été transformés en «symboles» de la tragédie humaine, la pire depuis la Seconde guerre mondiale.
En 2011, à peine deux mois après le début de la révolte contre le régime Assad, Hamza al-Khatib, 13 ans, est arrêté, torturé puis tué par les services de renseignements selon sa famille et l'opposition. Il devient le symbole de la répression sanglante des autorités des manifestations pacifiques qui se transforment en rébellion armée.
En 2015, la photo d'Aylan, le petit garçon syrien noyé et échoué sur une plage turque, suscite un émoi mondial en résumant la tragédie des millions de réfugiés fuyant le pays en guerre.
Guernica ou Grozny
Avec la multiplication depuis plusieurs mois des offensives du régime pour la reprise d'Alep, la deuxième ville du pays, réseaux sociaux et médias s'intéressent au drame de cette cité où les destructions suscitent des comparaisons avec Berlin en 1945, Guernica ou encore Grozny.
En août, la photo du petit Omrane, le visage hébété et ensanglanté dans l'ambulance après la destruction de sa maison à Alep-Est, fait le tour du monde.
Depuis le 23 septembre, avec l'aide de sa mère Fatemah, Bana interpelle la toile en twittant en anglais lors d'une violente campagne de bombardements menée par le régime pour reprendre Alep-Est qui lui échappe depuis 2012.
Appels à l'aide
«On a très peur, sauvez-nous», «les bombes font trembler le sol», «la guerre m'a volé mon enfance» ou encore «il n'y a plus de médicaments», peut-on lire dans les tweets sur le compte @AlabedBana, vérifié par Twitter.
Parfois des vidéos de la fillette sont postées de même que des photos troublantes d'enfants morts. On y voit Bana, lisant Harry Potter, que l'auteure J.K. Rowling lui a offert sous forme électronique. Ou encore disant son soutien au club de football de Manchester United, le priant de gagner pour qu'elle «oublie les bombes».
Avant de disparaître pendant plus de 24 heures, sa mère a écrit dimanche soir: «Nous sommes sûrs que l'armée va nous arrêter maintenant. Nous nous reverrons un jour, cher monde. Au revoir.-Fatemah». Les «followers» étaient si inquiets qu'ils ont lancé le hashtag #WhereisBana (Où est Bana ?).
Opération de propagande
Mais si des milliers d'internautes ont vu dans Bana et Fatemah un symbole du drame des civils à Alep-Est, celles-ci ont été en revanche la cible de critiques des détracteurs de la rébellion ainsi que du régime dont M. Assad en personne. «C'est un jeu, un jeu de propagande, un jeu des médias», a affirmé M. Assad en octobre à la chaîne danoise TV2.
«Est-ce que ça vaut la peine de risquer (la vie) de 'ton enfant' pour de la propagande ?», affirme de son côté un internaute à l'adresse de la mère.
«L'armée libère les civils d'Al-Qaïda (...) mais ce compte de propagande veut montrer les choses différemment», lance un autre. «Cette enfant est exploitée par ses parents terroristes», twitte encore un internaute. Les réponses aux tweets se transforment rapidement en une guerre entre partisans et détracteurs.
ats
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