Le Canton de Vaud est-il en train de perdre son principal centre d’exposition? Des centres de congrès maous, il en existe certes d’autres, à l’EPFL ou à Montreux. Mais rien d’équivalent à Beaulieu, en termes de surfaces, de hauteurs sous plafond, de charge au sol, d’accessibilité. En réduisant, morceau par morceau, les surfaces dévolues aux salons, Beaulieu SA complique à dessein l’organisation de grands événements sur son site, alors qu’elle ouvre les bras aux clubs sportifs du coin, à son tissu associatif, à ses habitants.
Beaulieu fait donc sa mue, passant du fief radical des grandes foires – en dehors desquelles l’encéphalogramme est plat – à un véritable cœur battant d’un quartier urbain. Rien d’inattendu. Le ton a été très vite donné dès 2019, après la débâcle de la Fondation de Beaulieu. À peine la Ville de Lausanne avait-elle repris seule la main sur le site au travers d’une SA (exit l’État de Vaud) que la Municipalité prononçait dans les médias l’oraison funèbre du modèle économique qu’incarnait le Comptoir Suisse. Le syndic Grégoire Junod pouvait alors dérouler le plan pour l’avenir de Beaulieu. Le Conseil communal a beau avoir voté mardi une résolution – non contraignante – pour infléchir le mouvement, le cap est manifestement fixé, porté par une réelle conviction politique.
On peut voir celle-ci comme une vision rabougrie et lausanno-centrée de l’avenir de ce qui fut naguère un fleuron vaudois brillant loin à la ronde. Ou bien d’une vision plus raisonnable, cohérente avec le développement d’une ville du XXIe siècle, et tout à la fois ambitieuse dans ce qu’elle compte apporter à sa population. Grégoire Junod affirme que Beaulieu continuera de rayonner au-delà du Grand Lausanne. À vérifier dans une décennie.
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Éditorial – Beaulieu est mort, vive Beaulieu!
La mue annoncée depuis quelques années du fleuron vaudois agite le Conseil. Sur quoi débouchera-t-elle?