Tensions entre la Serbie et le KosovoÉtats-Unis et UE appellent à une «désescalade sans condition»
Le Kosovo a fermé son principal poste frontière avec la Serbie après que les Serbes y ont dressé des barricades, alors que le Kremlin soutient Belgrade.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont appelé mercredi à une «désescalade sans condition» dans le nord du Kosovo. La région est en proie à des tensions à sa frontière avec la Serbie, avec des tirs et des explosions alors que des barrages routiers y ont été érigés.
«Nous appelons tout le monde à faire preuve du maximum de retenue et à prendre des mesures immédiates pour une désescalade sans condition de la situation», ont déclaré un porte-parole du département d’Etat américain et une porte-parole de l’Union européenne dans un communiqué commun.
Ils ont aussi exhorté les deux parties à «s’abstenir de toute provocation, menaces ou intimidations».
«Nous travaillons avec le président (serbe) Vucic et le premier ministre (du Kosovo) Kurti pour trouver une solution politique afin d’apaiser les tensions et parvenir à une avancée dans l’intérêt de la stabilité, de la sécurité et du bien-être de toutes les populations locales», poursuit le communiqué.
Frontière fermée
Le Kosovo a fermé son principal poste frontière avec la Serbie, a indiqué la police locale mercredi, après que les Serbes y ont dressé des barricades, dans une des pires crises de ces dernières années dans cette région.
La police kosovare et les forces internationales de maintien de la paix ont ensuite subi plusieurs attaques impliquant des armes à feu, alors que la Serbie mettait ses forces armées en état d’alerte.
Mardi soir, des dizaines de manifestants du côté serbe de la frontière ont bloqué avec des camions et des tracteurs la circulation vers Merdare, le principal poste frontalier, ce qui a conduit le Kosovo à fermer ce passage.
«Ce barrage illégal a empêché la libre circulation des personnes et des biens, en conséquence nous invitons nos citoyens et compatriotes à circuler par les autres postes frontière», a déclaré la police dans un communiqué.
Pristina a également appelé les forces de maintien de la paix de l’Otan (Kfor) à dégager les barricades.
Le ministre serbe de la Défense Milos Vucevic a affirmé mercredi que le blocage des routes était un moyen de protestation «démocratique et pacifique», et que Belgrade gardait ouverte sa ligne de communication avec les diplomates occidentaux pour résoudre cette crise.
La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée très majoritairement d’Albanais, proclamée en 2008.
La Russie «soutient» la Serbie
La Russie «soutient» la Serbie dans ses actions visant à mettre fin aux tensions au Kosovo, a indiqué mercredi le Kremlin. Cela alors que des tirs et des explosions y ont eu lieu et des barrages routiers y ont été érigés.
«Nous avons des relations très étroites d’alliés, historiques et spirituelles avec la Serbie», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en précisant que la Russie suivait «très attentivement ce qui se passe (au Kosovo, ndlr) et comment les droits des Serbes sont assurés». «Et, bien sûr, nous soutenons Belgrade dans les actions qu’il entreprend», a-t-il souligné.
Selon M. Peskov, «il est naturel que la Serbie défende les droits des Serbes qui vivent à côté dans des conditions si difficiles et qu’elle réagisse de manière sévère quand ses droits sont violés».
Berlin dénonce la présence serbe
Le renforcement de la présence militaire serbe à la frontière avec le Kosovo, en proie à des tensions, envoie un «très mauvais signal», a estimé mercredi le gouvernement allemand, dénonçant la «rhétorique nationaliste» de Belgrade.
«Nous sommes très préoccupés par ces tensions dans le nord du Kosovo, les barricades illégales érigées par les Serbes du Kosovo doivent être démantelées le plus rapidement possible», a déclaré lors d’un point presse régulier le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Christofer Burger.

L’armée serbe est en état d’alerte renforcée depuis lundi soir après les récentes tensions au Kosovo voisin où ont eu lieu des tirs et des explosions et où des barrages routiers ont été érigés. Le gouvernement serbe a ordonné de renforcer la présence militaire de 1.500 soldats actuellement à 5.000.
«La rhétorique nationaliste telle que nous l’avons entendue ces derniers temps est inacceptable», a ajouté M. Burger, pour qui «le renforcement de la présence militaire près de la frontière serbe avec le Kosovo envoie un très mauvais signal».
De son côté, la Suisse, par l’intermédiaire du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), a appelé mardi sur Twitter «toutes les parties concernées à s’abstenir de toute action susceptible d’envenimer davantage la situation».
«Au bord du conflit armé»
«Les Serbes du Kosovo devraient immédiatement enlever ces barricades au Kosovo et la Serbie a une responsabilité particulière à cet égard et devrait œuvrer à l’enlèvement immédiat de ces barricades, c’est l’objectif des efforts actuels menés selon lui par l’Union européenne et la Force de l’OTAN de maintien de la paix au Kosovo (Kfor).
La situation avec le Kosovo est «au bord du conflit armé», avait estimé la Première ministre serbe Ana Brnabic la semaine dernière.
État d’alerte renforcée
Les déclarations russes interviennent alors que le général Milan Mojsilovic, chef des armées serbes, a été dépêché dimanche soir par le président Aleksandar Vucic à la frontière avec le Kosovo et le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic, a annoncé que l’armée du pays était en état d’alerte renforcée lundi soir après les récentes tensions au Kosovo.
La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée très majoritairement d’Albanais, proclamée en 2008. Elle encourage les 120’000 Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.
Plusieurs centaines de Serbes du Kosovo ont érigé depuis le 10 décembre dans le nord du Kosovo des barrages pour protester contre l’arrestation d’un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.
Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police kosovare, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leur poste en masse, pour protester contre une décision, désormais suspendue du gouvernement de Pristina, d’interdire aux Serbes qui vivent au Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation délivrées par la Serbie.
AFP
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