Gilles Simon va prendre sa retraite. Il fallait bien que ça arrive un jour. Gilles Simon va mettre un terme à sa carrière à la fin de l’année. Cette phrase ne fait évidemment ni chaud ni froid à la plupart d’entre vous, du moins à tous ceux que le tennis indiffère. Mais pour moi, prononcer ces mots résonne curieusement. Va falloir que je m’habitue à l’idée que mon célèbre homonyme et presque homographe (un de mes ancêtres Combier a dû autrefois ajouter un «d» à la fin de son patronyme pour faire comme les Reymond, qui se la pétaient un brin) tombe dans l’anonymat.
Gilles Simon va prendre sa retraite. Le tennisman français a fait ses adieux à l’ocre de Roland-Garros samedi, devant 15’000 spectateurs acquis à sa cause. Il s’est fait écraser 6-0 6-3 6-2 par le géant croate Marin Cilic, face auquel il menait pourtant 6-1 dans les confrontations directes. Le match de trop? Ben non, puisque le natif de Nice s’était légitimement qualifié pour le troisième tour, après avoir battu successivement l’Espagnol Pablo Carreño Busta, tête de série No 16 du tournoi, au bout d’un match de folie en cinq sets de 3 h 54, puis l’Américain Steve Johnson.
«Quand j’entends l’énumération de ses qualités – intelligence, gentillesse, sens de l’humour, notamment –, j’ai envie de dire «nous», en parlant de lui…»
Gilles Simon va prendre sa retraite. Son pote Marin Cilic, tout sourire, lui a rendu hommage à la fin du match: «Gilles Simon est un grand champion et je le savais.» Raison pour laquelle il a tenu à ne lui faire aucun cadeau et à s’en méfier jusqu’à ce que son dernier ace se soit écrasé dans la brique pilée.

Gilles Simon va prendre sa retraite. Après pratiquement quinze ans de bon compagnonnage, de petites blagues entre collègues, parents et amis, cette annonce me flanque un coup au moral. J’avais fini par m’identifier à lui: en tapant mon nom dans Google, c’était sa photo qui s’affichait en premier… Sans compter que de semblables soucis de genou nous ont encore rapprochés, sans que nous ne nous soyons jamais rencontrés. En plus, quand j’entends l’énumération de ses qualités – intelligence, gentillesse, sens de l’humour, notamment –, j’ai envie de dire «nous», en parlant de lui…
Capable de battre les meilleurs
Gilles Simon va prendre sa retraite. Encore samedi, entendre les commentateurs de télévision prononcer son nom – «Il s’est battu comme un lion, Gilles Simon» –, ça me faisait un drôle d’effet. Et quand tout le court central scandait son petit nom (enfin, le mien) – «Gi-lou, Gi-lou!» –, je me suis souvenu d’avoir autrefois punaisé dans mon atelier un poster à son effigie tiré de «Tennis Magazine». No 6 ou 7 mondial, il avait alors battu aussi bien Nadal que Federer, Djokovic et Wawrinka. Oui, ça date un peu.
Gilles Simon va prendre sa retraite. Mais peut-être que l’intellectuel de la bande des «Mousquetaires» (Gasquet, Monfils, Simon, Tsonga), auteur de «Ce sport qui rend fou» (Flammarion, 2020), nous réserve d’autres surprises. La retraite. À 37 ans. Moi qui en ai 25 de plus, ça me donne à réfléchir. Faut que j’en cause à mon réd-chef.
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La rédaction – Bonne retraite, cher Monsieur Gilles Simon!
Le tennisman français a disputé samedi son dernier match à Roland-Garros.