Un Vaudois avec la Suisse M21Bryan Okoh a bien grandi
Le grand espoir du Red Bull Salzbourg est de retour dans le canton de Vaud, avec l’équipe de Suisse de football des moins de 21 ans, qui affronte les Pays-Bas vendredi à la Tuilière.

«Il avait quinze ans et demi et c’était presque déjà trop tard. Il s’était mis en évidence avec les sélections nationales des jeunes et les propositions venaient déjà de partout. Des clubs anglais – et pas des moindres – allemands, italiens, un autrichien… On a essayé de le garder, on a rencontré la famille avec Bob Ratcliffe (ndlr: président du LS) pour lui proposer des choses, mais cette volonté est-elle arrivée trop tard?»
Encore aujourd’hui, Pablo Iglesias, ancien directeur sportif du LS, se pose la question. La trajectoire de son ancien protégé ne laisse pas planer le doute non plus: Bryan Okoh est un sacré talent. Comme il y en a peu sur les pelouses romandes.

Le Lausanne-Sport avait finalement été contraint de le laisser filer, le joueur souhaitant absolument continuer sa progression ailleurs et rejoindre la fameuse filière Red Bull. Le club vaudois s’y est retrouvé financièrement, c’est vrai, puisque jamais aucun Helvète de moins de vingt printemps n’avait été vendu si cher.
On parle tout de même d’une somme d’un peu plus de deux millions de francs, alors que le beau bébé d’aujourd’hui 1,87 m venait de fêter ses seize ans. Aujourd’hui, dans un système de la marque qui donne paraît-il des ailes et qui est parfaitement rodé – Valentino Lazaro, Dayot Upamecano, Erling Haaland, Naby Keita, Joshua Kimmich, Timo Werner ou encore Sadio Mané sont passés par-là, excusez du peu -, le natif de Houston (États-Unis) est parfaitement intégré.
«Depuis le début de saison, j’ai été une fois sur le banc en Ligue des champions avec Salzbourg et le week-end d’après, j’étais sur le terrain avec Liefering (ndlr: en D2 autrichienne), raconte le défenseur central. Je passe entre les deux équipes, pour le moment. Ce n’est pas toujours facile de s’y adapter. Mais c’est un beau challenge et je me sens capable de le relever. Le plus important, c’est d’avoir du temps de jeu.»
Il faut dire que l’ancien junior du FC Espagnol Lausanne a tout pour lui. «Poli, bien éduqué, de belles valeurs familiales. Costaud sur le terrain et à l’école… Ambidextre en plus. Je me rappelle qu’à l’époque, les recruteurs nous demandaient quel était son meilleur pied. Mais il était déjà capable d’envoyer des transversales du gauche et du droit», sourit Iglesias avec le recul.
«Il est très physique, il rentre bien et fort dans les duels, analyse de son côté son sélectionneur chez les espoirs, Mauro Lustrinelli. Il défend bien, mais en prime, il est bon dans les phases de construction, grâce au fait qu’il est à l’aise des deux pieds. Ça, pour un joueur moderne, c’est un avantage incroyable.»
Une maturité dans le jeu qui ressemble à celle de sa vie de tous les jours. «Vers ses douze ou treize ans, il habitait près de Vallorbe et faisait de longs déplacements tout seul. Il a vite été très autonome et à la différence de beaucoup, Bryan a très vite su se prendre en charge», souligne Iglesias.
Il vient d’ailleurs, à 18 printemps, d’emménager dans son premier appartement. Le Salzbourgeois continue toutefois à manger au centre de formation de son club. Un pas après l’autre, avec intelligence.
«Bryan est allé dans un club qui travaille bien avec les jeunes et il a bien grandi.»
«C’est le plus jeune de notre groupe chez les moins de 21 ans et ça veut dire qu’il mérite encore plus d’être là, souffle le sélectionneur Mauro Lustrinelli. Il est parti tôt à l’étranger, c’est vrai, mais Bryan est allé dans un club qui travaille bien avec les jeunes et il a bien grandi, là-bas.»
Ce vendredi, à 19 heures, il foulera «sa» pelouse (synthétique) lausannoise, qu’il a découverte lundi pour la première fois.
«C’est beau de voir comment le stade a été construit depuis mon départ, dit-il, quelques petites étoiles dans les yeux, même si ce ne sont pas les grandes de la Ligue des champions. Et il y aura beaucoup de monde que je connais dans les tribunes. Mon entourage ne peut pas souvent me voir jouer en vrai, donc ça fera plaisir.»
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