Bun Hay Mean: «Rire de tout est un besoin,une obligation»
Le «Chinois marrant» ne s'interdit rien et flingue les clichés à travers ses «punchlines» à la mitraillette. Il présente son one man show à Morges-sous-Rire ce mercredi. Interview.

Racisme, homophobie, communautarisme, religion: Bun Hay Mean n'épargne aucun sujet pour rire des clichés. Avec une plume aussi mordante que féroce, un esprit affûté et une désinvolture impertinente, il débite ses vannes à cent à l'heure, passe à la moulinette tous les tabous sans se préoccuper du politiquement correct. Repéré sur les planches du Jamel Comedy Club il y a quatre ans, où on lui donne son surnom de «Chinois marrant», le comique français d'origine sino-cambodgienne enchaîne les dates et fait aujourd'hui un tabac avec son premier spectacle.
«J'ai attendu ça depuis tellement longtemps que c'est de la bonne fatigue, que du kiffe», lance-t-il par téléphone depuis Barcelone, où il profite d'un jour de repos, quelques jours avant son passage à Morges-sous-Rire, sur la scène du Chapiteau ce mercredi.
Dans une période où il devient difficile de rire de tout sans se voir critiqué et condamné, vous semblez être un irréductible qui ose assumer un humour trash…
Rire de tout est un besoin, une obligation. Si tu commences à considérer certains sujets comme tabous, que tu te mets des barrières, c'est là que tu te crispes et que tu deviens malheureux. Je ne veux surtout pas ressentir de frustration, ni l'imposer à mon public.
Comment rester libre et oser un tel humour aujourd'hui?
C'est un choix et je pense que n'importe quel humoriste est libre de le faire. Je ne fais pas la différence entre les sujets graves ou légers. Pour moi, tout a la même importance et mérite que l'on en débatte. C'est en communiquant que l'on apprend à s'ouvrir au monde.
La liberté est rarement sans conséquences. Avez-vous été vous-même l'objet de critiques quant à certaines de vos blagues?
Il m'est arrivé d'avoir des réactions assez virulentes sur le Web, parfois même des menaces. Ça arrive quand le message est mal compris. C'est difficile de maîtriser comment une blague va être reçue. La clé, c'est de travailler la manière dont on envoie le message.
Quelles limites vous fixez-vous?
Aucune. Si je ne parle pas d'un sujet, c'est juste qu'il ne m'inspire pas. Dès que j'ai envie de rire de quelque chose, je le fais. S'autocensurer, c'est juste de la fainéantise.
En 2016, un sketch de Gad Elmaleh et Kev Adams sur les Asiatiques, jugé raciste, a déclenché une polémique. Qu'en pensez-vous?
C'est un exemple typique pour illustrer un message mal transmis. Le fond partait d'une bonne idée, mais le problème était la forme. Ils ont trop taillé dans leur sketch, ont tout misé sur les accents et les costumes. Le moment de diffusion du sketch à la télévision, aussi, qui est survenu peu de temps après la marche silencieuse des Asiatiques de France, en réaction à la mort d'un commerçant d'origine chinoise suite à une agression.
Être Asiatique pour se moquer des clichés sur les Asiatiques, un atout?
C'est plus facile pour moi parce que je le suis et que j'ai vécu tous ces clichés. J'ai eu le temps d'y réfléchir, de prendre du recul et de travailler des vannes. Mais je m'autorise tout autant à me moquer des autres communautés.
«Chinois marrant» fait pratiquement partie de votre identité…
Tellement que j'en ai fait le nom de mon spectacle! Aujourd'hui, je ne peux pas m'en détacher. Et je ne veux pas. Aux yeux des gens, je serai toujours un Asiatique bizarre. Partout où je vais, on me regarde comme un touriste (rires). C'est peut-être parce que j'ai un œil d'enfant sur tout.
Comment cultivez-vous ce personnage à l'allure désinvolte et au débit de paroles effréné?
En fait, je l'ai créé suite aux contraintes liées à la scène. En temps normal, pour dire toutes les blagues que j'ai écrites, il me faudrait plus de trois heures. Du coup, je donne tout ce que j'ai et le public repart avec ce qu'il peut. Je ne veux pas que ce soit à moi de trier et de donner une échelle de valeurs à mes vannes.
L'improvisation reste au cœur de votre style. Vous intégrez d'ailleurs le public dans vos spectacles…
Les meilleures impros sont celles qui sont écrites. Je sais à l'avance la route que je veux parcourir, mais je peux prendre les chemins que je veux. Il faut qu'il y ait de l'imprévu, c'est comme ça que le spectacle devient vivant. J'essaie de faire vivre un moment unique à mon public et qu'il fasse partie du show. C'est mon credo: rire ensemble pour vivre ensemble.
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