Des polars qui voyagentCaryl Férey rentre de l’enfer sibérien
Le bourlingueur breton raconte Norilsk, une ville d’apocalypse, un «cortex poisonneux» au point le plus septentrional du monde dans «Lëd». Son polar glace et pas seulement par sa météo à moins soixante degrés.

À 54 ans, Caryl Férey sera toujours plus à l’aise autour d’un brasero de fortune dans un township désolé ou un campement de nomades, qu’en raout mondain à Paris. L’écrivain y a pourtant acquis la reconnaissance en une quinzaine de polars. Ancrés dans un territoire précis, ses condensés d’anthropologie de terrain ont d’abord presque engendré une confusion: l’auteur de «Zulu» (2008) à l’authenticité viscérale était-il Afrikaner, ou Chilien comme le suggérait la violence rebelle de «Mapuche» (2012)?
«Je passe cinq à six ans sur un pays avant d’écrire, explique le Breton. En ce moment, avec les restrictions du Covid, je tourne un peu à vide.» D’autres chercheurs trouvent compensation sur la Toile, pas Caryl Férey. «On a beau imaginer les paysages, les rencontres. Ce sont les surprises sur place qui m’intéressent. Voir une femme superbe ou embrasser une femme superbe… toute la différence. J’ai besoin de ciel bleu et d’humanité.»