De main de maîtreCate Blanchett joue en maestro
L’actrice australienne dirige «Tár» à la baguette de son ego et c’est à peine un rôle de composition. Puissant et dévastateur.

Dans «Tár», Cate Blanchett cultive son mauvais genre. Sanglée dans le smoking d’une prestigieuse cheffe d’orchestre, la comédienne bouscule et cogne les conventions. Pourtant, plus qu’un combat contre le sexisme, ce faux biopic d’une géniale musicienne, Lydia Tár, lève le voile sur une artiste au crépuscule des dieux, s’approchant de l’indicible et flirtant avec les cimes. Depuis un quart de siècle quand, à la suite de Sarah Bernhardt ou Bette Davis, l’Australienne s’étrangla le cou dans les cols ruchés d’Elizabeth I, l’évanescente comédienne n’a cessé d’imposer sa discipline de femme puissante à l’écran ou à la scène. Le film de Todd Field célèbre cette hégémonie.