Ces roses qui hésitent à présenter leur vraie star
Les socialistes décident samedi qui envoyer à l'élection au Conseil d'Etat. Intellectuelle, femme de tête, stratège, Cesla Amarelle pourrait pourtant ne pas être choisie.

Comme l'ont été Pierre-Yves Maillard en 2004 puis Nuria Gorrite en 2012, Cesla Amarelle se profile comme la candidate naturelle des socialistes. Or, la partie s'annonce plus compliquée que prévu. L'Yverdonnoise pourrait ne pas être choisie samedi lors du congrès d'investiture. Des manœuvres agitent les hautes sphères du parti. A bas bruit, elles semblent viser davantage à contrer Cesla Amarelle qu'à promouvoir une autre personnalité. Ce constat découle d'observations d'élus de gauche comme de droite.
Samedi, à Montreux, c'est dans ce contexte difficile que le congrès socialiste devra choisir entre trois candidates, pour accompagner les deux sortants sur le ticket. Différents éléments de réflexion vont devoir être soupesés. Quel est le poids électoral de chacune des trois candidates? L'Yverdonnoise Cesla Amarelle, l'Avenchoise Roxanne Meyer Keller ou la Nyonnaise Fabienne Freymond Cantone sont-elles capables de récolter suffisamment de suffrages pour conserver le siège laissé vacant par Anne-Catherine Lyon?
Il faudra aussi apprécier la nature de leur ancrage idéologique, leurs capacités respectives à nouer des majorités avec leurs adversaires politiques, leur potentiel de séduction auprès des électeurs de la droite et, enfin, leur compatibilité avec l'équipe actuelle du Conseil d'Etat, qui a de grandes chances d'être reconduite.
Des critiques ont circulé
Ces dernières semaines, des pontes socialistes lausannois ont fait circuler des critiques sur la personnalité de Cesla Amarelle (nos éditions du 16 décembre et du 7 janvier). Le format taille patron de l'Yverdonnoise inquiète ceux qui sont au Conseil d'Etat et ceux qui caressent le rêve d'y parvenir un jour.
La conseillère nationale a su montrer son envergure au long de son parcours politique. Pointure en droit, femme de dossiers, parlementaire fédérale en vue, ancienne présidente remarquée du Parti socialiste vaudois (PSV), l'Yverdonnoise ne paraît pas jouer dans la même catégorie que ses deux concurrentes. Fabienne Freymond Cantone, députée et municipale de Nyon, la cinquième ville du canton, ainsi que Roxanne Meyer Keller, députée et syndique socialiste d'Avenches, dans un district bourgeois, ont moins d'atouts.
Samedi, les délégués se demanderont avec qui ils ont le plus de chances de conserver la majorité au gouvernement. Mais peut-être aussi: pourquoi la garder. La candidate choisie par le congrès aura de bonnes chances d'entrer au Conseil d'Etat. Elle intégrera ainsi un Collège composé de cinq, voire de six sortants, et pas tous des tendres. Il faudra une sacrée personnalité pour réussir à s'y imposer et peser sur la marche du canton.
Bousculer ou conforter
Les socialistes oseront-ils choisir quelqu'un capable de bousculer, un peu, le jeu politique, verrouillé par le tandem Broulis-Maillard? Ou alors préféreront-ils un profil plus discret, dont la fonction principale au Conseil d'Etat serait d'assurer la majorité actuelle.
Parmi les poids lourds du parti, Géraldine Savary ne cache pas qu'elle milite pour Roxanne Meyer Keller. «J'ai été claire avec Cesla, dit-elle. Elle n'est pas la candidate la plus complémentaire pour entrer au Conseil d'Etat aux côtés de Nuria Gorrite et de Pierre-Yves Maillard. Je pense en outre que celles qui ont le plus de chances de gagner, ce sont celles qui ont déjà fait l'exercice au système majoritaire. Roxanne Meyer Keller et Fabienne Freymond Cantone ont le plus de potentiel électoral: elles ont réussi cet exercice dans leur région. Je peux me tromper, mais j'estime que Roxanne Meyer Keller fera un carton. Fabienne Freymond Cantone, quant à elle, est arrivée à 50 voix de Daniel Rossellat.»
«Si c'était ce que je voulais, j'aurais été candidate plutôt que de me lancer dans une stratégie aussi difficile»
La sénatrice nie par ailleurs vertement vouloir ainsi influencer le jeu dans l'espoir d'être invitée à sauver le parti au deuxième tour. «Si c'était ce que je voulais, j'aurais été candidate plutôt que de me lancer dans une stratégie aussi difficile, s'exclame-t-elle. Cette analyse est complètement idiote. J'espère de toutes mes forces que nous ne nous retrouverons pas dans cette situation après le premier tour. Ce serait d'ailleurs difficile pour moi.»
Trop marquée à gauche, trop doctorale, trop tranchante, Cesla Amarelle est-elle cette personne avec qui il serait difficile de travailler? Au Conseil national, la PLR Isabelle Moret témoigne de l'inverse: «Je fais partie de la commission des institutions avec Cesla. Nous avons pu, notamment sur la mise en œuvre de l'initiative «Contre l'immigration de masse», trouver des majorités ensemble. C'était parfois à une voix près. Au PLR, nous tombons des nues quand nous lisons qu'elle est une personne avec qui l'on ne peut pas travailler.»
A la gauche du PSV, le profil de la candidate séduit aussi. «Ces dernières années, la base du parti a dû accepter plusieurs compromis comme la RIE III, on ressent un besoin d'avoir une personnalité combative, ce qui devrait favoriser Cesla Amarelle», observe un militant.
Curieuses déclarations de Maillard
Quelle que soit l'issue du congrès de samedi, cette primaire qui ne dit pas son nom laissera des traces et des interrogations. A commencer par le rôle curieux qu'a joué Pierre-Yves Maillard dans cette précampagne. Le président du Conseil d'Etat a jeté le trouble dans son parti avec des déclarations anti-élites qui semblaient surtout servir la candidature la plus faible .
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