Sorties livres et BDC’est l’été de tous les dangers, même Spirou monte au front
Emile Bravo achève le cycle du groom Spirou résistant en pleine Seconde guerre mondiale, preuve que de la gravité des bulles. Brioche et Tartine ne disent pas autrement.
Le chef d’oeuvre de Spirou, «L’espoir malgré tout, tome 4»

Bande dessinée Avec le quatrième tome de «L’espoir malgré tout», Emile Bravo achève sa grande fresque autour du jeune Spirou, publiée à partir de 2018. L’ingénu des premiers albums achève sa mue dans ce récit culminant avec la libération de Bruxelles par les alliés en 1944.
Au milieu d’une faune trouble composée en partie de résistants de la 25e heure, d’opportunistes et de dénonciateurs en soutane, l’ex-groom du Moustic Hôtel perd sa candeur et devient peu à peu le personnage codifié par Franquin. Tandis que les adultes s’entretuent, le petit rouquin altruiste se bat pour rester humain.
En 330 pages au total, Bravo montre avec de subtiles nuances comment de multiples traumatismes en arrivent à construire un enfant. Chef-d’œuvre. PMU

«L’espoir malgré tout» tome 4
Emile Bravo
Ed. Dupuis, 48 p.
Brioche et Tartine, ça mange pas de pain

Jeunesse L’été, c’est la saison des bêtises exemptées de punition. Brioche et Tartine, les deux héros canins de Violette Vaïsse, experte en blagues dès 6 ans, le démontrent par l’absurde. Cette ancienne de l’École de Saint-Luc à Bruxelles, émule de Tomi Ungerer ou Riad Sattouf, écume les générations, l’humour, la philo et la sociologie, inclassable comme ses cabots.

La mauvaise foi en bandoulière à défaut d’être tenus en laisse par une quelconque bienséance, ses potaches posent les questions idiotes mais existentielles: «Jusqu’où va l’infini?» Moins provoc que les albums à charge de l’auteure, les cabots – huit neurones à eux deux – n’ont peur de rien. Cornegidouille! Si humains et si bêtes, ces bipèdes à truffe instaurent la complicité. CLE
«Brioche et Tartine»
Violette Vaïsse
Éd. La joie de lire, 40 p.

Nick Hunt ou l’Europe au pays des merveilles


Carnets Après un premier récit où Nick Hunt suivait «les vents sauvages», le journaliste se confirme écrivain en traquant la moindre parcelle d’imaginaire générée par des terrae incognitae incongrues. Et toujours en Europe! C’est ainsi que le Britannique a déniché un bout de toundra en Écosse, de la forêt vierge en Biélorussie, des steppes en Hongrie et même un authentique désert en Espagne.
Dans une jungle polonaise, il faut trembler avec lui face au «paysage de la peur», quand des loups invisibles guettent des cerfs gracieux. Ou sourire quand le maladroit risque de se «troskyiser» d’un coup de piolet maladroit dans les glaces du Glen Derry. Drôle dans le détail, grave sur le fond, Hunt le chasseur de beauté et militant écolo sensibilise comme jamais. CLE
«Un palmier en Arctique»
Nick Hunt
Éd. Gallimard, 329 p.
Roland Léléfan va à la mer et il n’est pas tout seul

Jeunesse La pelle, le sable et les châteaux, n’importe quel moutard rafraichi par la baignade derrière les oreilles vous le dira, ça va un moment. D’où le plaisir de feuilleter des albums à la sieste entre enfants, ceux qui le sont restés et les autres.

Dès 4 ans. «Roland Léléfan» montre l’exemple en cases simples, qui bercent pour atteindre le délicieux néant, là où les pensées rêvassées finissent par s’échouer au large. Quel maillot de bain je mets demain, à qui envoyer une carte postale, quoi mettre dans la valise? Voilà de saines préoccupations pour le pachyderme qui n’en est pas à sa première aventure.

Mais son look, avouons-le, trompette plus de modernité que les Martine à la plage d’antan. Il faut dire que sa créatrice Louise Mézel démontre un coup de pinceau fascinant en matière de portraits animaliers. Voir sur son site ses nombreux travaux «adultes», notamment des dalmatiens sidérants de conviction… Alors un éléphant, n’imaginez même pas! (Louise Mézel, Ed. La joie de lire)

Dès 6 ans. «Une bouteille dans l’océan» incitera à ne pas balancer sa canette en quittant la plage. Même si les tableaux qui cadrent cette odyssée moderne subjuguent par leur force quasi cinématographique. Et il en faut, du talent, pour renouveler le regard sur des statistiques rabâchées: il faut 4 semaines à du pécul pour disparaître, 6 mois à une allumette, 5 ans à une chaussette, 12 à une cigarette et… 5 siècles à une canette. Gloups. L’auteur de «D’une petite mouche bleue» et «D’une petite graine verte» plonge au coeur du sujet. Pour info, Mathias Friman a exercé de nombreuses années en tant que garde républicain. (Mathias Friman, Ed. Seuil)

Dès 6 ans. «Derrière les rochers» prend le sable comme matériau pour dessiner les aventures de six gamins décidés à explorer. Tout part d’une partie de cache-cache qui va virer en épisode fantastique, passant non pas par un trou comme la petite Alice de Lewis Carroll, mais par un bunker abandonné. Bien caché sous le goémon survit un royaume où règne une reine pieuvre, des majordomes à tête de merlu et autres créatures marines dignes de Jules Verne. Dans l’antre, trône aussi un musée qui entrepose plein de cochonneries humaines comme des vestiges précieux. De quoi se raconter des histoires tout l’été. (Elodie Bouédec, Ed. Seuil)

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