À force de se répéter que nous étions le château d’eau invulnérable de l’Europe, on a fini par penser que notre or bleu était inépuisable. Dans un certain sens, il l’est toujours. Mais sa répartition, expliquait l’hydrologue Manuela Brunner à nos confrères du «Temps», ne sera plus aussi homogène. Que cela soit au niveau des saisons (des fontes des neiges plus précoces, des hivers plus humides, des étés plus secs) ou du territoire.
Dans nos éditions du jour, des histoires d’eau, on vous en raconte. Notamment et justement pour rappeler que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne quand il fait si chaud, quand il pleut si peu. Pendant qu’Aigle doit «couper» le robinet parce que ses sources sont à sec, les réservoirs de Lausanne débordent presque. Et à Paléo, qui a fait le choix cette année de la vaisselle réutilisable, les plongeurs nettoient assiettes, verres, fourchettes et couteaux en puisant l’eau dans le Léman.
Une des premières actions concrètes de Valérie Dittli, notre nouvelle conseillère d’État en charge de l’agriculture et elle-même fille de paysan bio, c’est d’aller au secours des alpages assoiffés, spécifiquement dans le Jura. En installant une station provisoire qui pompe l’eau d’un autre lac, celui de Joux, avec trois points de ravitaillement. Un dispositif similaire pourrait être déployé dans les Alpes vaudoises.
Pas très loin de L’Abbaye, de la Givrine ou du col du Marchairuz, dans le Jura neuchâtelois cette fois-ci, c’est la photo d’un autre lac, celui des Brenets, qui a ému jusqu’au-delà de nos frontières, à en faire verser des larmes salées à ses navigateurs d’eau douce. Qui doivent laisser leur embarcation sur les rives. Sans que l’on sache vraiment pourquoi cet assèchement de plus en plus fréquent arrive si tôt dans la saison.
«Il faudra faire avec l’eau comme avec toutes les autres ressources naturelles.»
Plutôt que d’ergoter sur le fait que c’était bien mieux avant, il faudra faire avec l’eau comme avec toutes les autres ressources naturelles: apprendre à mieux gérer pour que ce qui ressemble de plus en plus à un château de cartes ne s’effondre pas. Avec cette soif inextinguible de créativité dont nous savons nous abreuver.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Château d’eau ou de cartes?