Mode suisseChopard se lance dans la haute couture
Caroline Scheufele, directrice artistique et coprésidente de la marque joaillière suisse, a imaginé 50 tenues.

Dior, Chanel, Louis Vuitton… Nombreuses sont les maisons de mode à s’être lancées dans l’horlogerie et la joaillerie. Personne, en revanche, n’a fait le chemin inverse. Jusqu’à aujourd’hui. Caroline Scheufele, directrice artistique et coprésidente de Chopard, vient de présenter sa première collection de haute couture.
Le lever de rideau a eu lieu ce mardi, au cœur du Festival de Cannes, au gré d’un défilé alliant mode et haute joaillerie. Car ces tenues aussi ont une spécificité qui va à contre-courant de tout ce qui se fait d’ordinaire. Elles ont été imaginées pour mettre en valeur les bijoux de la maison, en l’occurrence, la collection Red Carpet 2023. Pas de strass donc, ou alors, un minimum. Mais de belles matières premières, bien coupées et des finitions irréprochables. «J’ai l’œil de la joaillerie, où l’on travaille sur de très petites surfaces. Alors, je suis très maniaque pour ça», insiste Caroline Scheufele. Son but: «Arriver à une complète harmonie entre vêtements et bijoux, afin de rendre la femme encore plus belle qu’elle ne l’est.»

Ce projet, la créatrice l’avait en tête depuis un moment: «Cela m’est venu lorsque j’ai commencé à travailler avec les équipes de l’Institut Kalhath à Lucknow, au nord de l’Inde, pour aider les femmes à apprendre à coudre et à broder. Pourquoi ne pas le faire pour nous? Et l’an passé, lors de la soirée Chopard à Cannes, je me disais que c’était très beau, ces bijoux présentés avec ces belles robes d’Elie Saab. Mais il y avait quelque chose qui ne collait pas complètement. Trop de brillants… C’est comme ça que j’ai commencé à faire quelques croquis. Il faut parfois savoir sortir de sa zone de confort.»
Écoresponsable
Il faut dire que Caroline Scheufele a toujours été fascinée par la mode. Il ne lui restait plus qu’à s’entourer des bonnes personnes pour mener à bien son projet: «Comme pour mes montres et mes bijoux, je voulais emprunter une démarche responsable d’un point de vue éthique, social et environnemental. Je voulais éviter tout ce gaspillage qui existe dans les maisons de couture. Sur les 250 modèles généralement créés pour un défilé, seuls une cinquantaine sont retenus. Le reste est jeté! Dans l’horlogerie et la joaillerie, rien n’est gaspillé car la matière première coûte cher. Avec mes modèles, chaque mètre de tissu est utilisé afin qu’il y ait le moins de chutes possibles.»
Et la créatrice d’ajouter: «Je voulais aussi que ces vêtements durent dans le temps et qu’ils soient donc fabriqués avec les meilleurs tissus. Enfin, je voulais que l’on puisse les porter plusieurs fois, en jouant avec diverses combinaisons et transformations. Pas comme ces robes haute couture que l’on ne met qu’une fois et qui restent ensuite dans les armoires. C’est pourquoi mes modèles ont un style intemporel. Ils sont classiques et élégants, mais avec un petit twist.»

C’est ainsi que Caroline Scheufele s’est d’abord tournée vers Maximiliano Modesti, l’initiateur de l’Institut Kalhath. Spécialisé dans la broderie, celui-ci œuvre au renforcement des compétences des artisans et à la transmission de ce savoir-faire d’exception, dans un cadre qui permet aux personnes d’être rétribuées à leur juste valeur. Toutes les broderies de la collection Caroline’s Couture sont ainsi réalisées par l’institut. Tandis qu’une grande partie des tissus, tels que la mousseline, le taffetas, le satin duchesse, le cady de soie et, surtout, la dentelle provient de la manufacture suisse Jakob Schlaepfer, à Saint-Gall. Une référence en la matière. D’autres enfin sont issus des ateliers Gentili Mosconi à Côme, en Italie. Notamment, les jacquards. Quant à la confection des modèles, elle a lieu entre Paris, Milan et l’Inde.
Une pétillante élégance
Côté inspiration, Caroline Scheufele puise dans la beauté de la nature, les couleurs, les animaux. «Comme pour les montres et les bijoux.» Et c’est tout naturellement que son caractère solaire et joyeux imprègne ses créations: «Il y a des choses très ludiques, d’autres plus élégantes ou plus glamour. Avec des motifs de roses et de Happy Hearts qui se retrouvent sur différents tissus.» Ses préférés? «Le velours, mais cela est plus hivernal. Et le satin, parce qu’il donne beaucoup de lumière aux bijoux.»

Pour ce qui est de la distribution, les choses sont encore un peu floues. Les premiers modèles ont été vendus à Cannes, à des clients Chopard, lors de leur présentation. «Pour la suite, on verra bien. Ce qui est sûr, c’est que je ne veux pas ouvrir de magasin. On peut très bien travailler comme un tailleur pour les hommes. Il y aura sûrement des endroits dans le monde où l’on pourra venir choisir les tissus et faire prendre les mesures. C’est une collection capsule, un projet pilote, et je veux que cela reste très confidentiel.»
Question prix, Caroline Scheufele veut rester correcte. Tout dépendra de la matière première et de la complexité de réalisation. Mais en moyenne, on se situe entre 10’000 et 50’000 francs par silhouette. «Bien qu’une simple veste, par exemple, pourrait coûter dans les 5000 francs.» Le prix de la qualité.

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