Christophe Kiss a gardé son âme d'enfant pour réaliser ses marionnettes
Le public pourra voir travailler les habiles mains les 31 mars, 1er et 2 avril. Avant-goût dans l'atelier d'un passionné, qui crée des objets de A à Z, dans un monde où l'automatisation est devenue la norme.
Dans le joli atelier qu'occupe Christophe Kiss, une forêt de crochets garnit le plafond: «Nous avons eu de la chance de trouver cet ancien local d'une entreprise de peinture, c'était un signe», raconte en souriant le sculpteur de marionnettes qui officiait il y a quelques années à Genève. Aujourd'hui, il partage avec sa compagne l'atelier Ornicar à Rolle, et peut ainsi à loisir y suspendre ses marionnettes à fil. S'il réalise aussi des modèles à mouvoir avec une poignée dans le dos, ou des versions «à gaine» dans la tradition de Guignol, les pantins articulés à l'aide de longues attaches commandées par les inflexions d'une «croix» restent ses préférés. Ceux pour lesquels il a eu un coup de cœur à 17 ans. «J'ai vu une affiche du Théâtre des marionnettes de Genève et ça m'a intrigué. Je suis allé au spectacle, et j'ai adoré le genre.» Comme il a toujours dessiné, il opte néanmoins pour des études aux Beaux-Arts et se spécialise dans la sculpture, mais finit par se rendre à l'évidence, et entre dans le temple genevois de la marionnette, pour y travailler cette fois. Il se forme auprès d'un sculpteur roumain, puis devient indépendant dès 2001. Il œuvre toujours pour le théâtre du bout du lac, mais aussi pour d'autres productions. A Lausanne, on a ainsi pu voir ses créations au Petit Théâtre en 2015 dans «Le dératiseur de Hamelin» ou «Super elle».
Diversifiant les styles et les techniques, il recourt au polystyrène, à la mousse de rembourrage, et à des résines bio. «Les moulages sont utiles par exemple pour des créations translucides ou des multiples. J'ai ainsi dû fabriquer une armée pour Gargantua.» Le bois reste néanmoins son matériau de prédilection pour les pièces entre 50 et 70 centimètres de haut. Ces personnages-là naissent entièrement de ses mains, taillés dans l'arbre complet qu'il achète tous les dix ans et qui attend dans son atelier, débité en grands panneaux. Une marionnette réalisée ainsi artisanalement, c'est au minimum trois jours de travail. Du dessin très précis à la coupe, en passant par la sculpture de la tête, pour finir par la peinture. Sans compter l'œuvre de la costumière, auquel s'ajoute parfois le savoir-faire d'une perruquière.
Même sans ce niveau de finition, la magie opère. Entre les mains habiles de son concepteur, un sobre polichinelle, dit d'exercice car il sert à apprendre le maniement des ficelles, paraît prendre vie. L'effet se révèle aussi bluffant avec les dispositifs à tringles, qui permettent des mouvements plus vifs, pour mimer par exemple une souris furetant à la recherche de nourriture. «Je les fais bouger pour des démonstrations, mais je ne suis pas comédien.» Son truc, c'est d'imaginer ces personnages que d'autres feront évoluer sur scène. «Je ne travaille pas comme un auteur de bandes dessinées qui développe son style, mon rôle est d'apporter la bonne réponse à la proposition dramaturgique.»
Si le théâtre de marionnettes pour adultes existe, il reste méconnu du public. L'artisan crée ainsi surtout pour les petits et ce père de trois enfants aujourd'hui grands adore ça. Si l'on pense évidemment tout de suite à Pinocchio, le papa des créatures qui naissent à Rolle avoue d'abord une admiration sans borne pour l'écrivain anglais Roald Dahl: «J'ai tout lu à mes enfants.»
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