Changement climatiqueComment Lausanne prévoit de se chauffer sans polluer
La Municipalité a présenté, ce mercredi, sa stratégie pour couvrir 75% des besoins de chaleur lausannois avec une énergie 100% renouvelable d’ici à 2050.

Pour lutter contre les changements climatiques, la Ville de Lausanne s’est fixée comme objectif de parvenir à zéro émission directe au plus tard d’ici à 2050 (et déjà dès 2030 pour ce qui concerne la mobilité). Part importante de la stratégie du Plan climat de la Municipalité: rendre son chauffage à distance 100% renouvelable d’ici à 2035 et couvrir 75% des besoins en chaleur de la ville à l’horizon 2050.
Ce mercredi matin, le municipal et directeur des Services industriels de Lausanne, Xavier Company, présentait aux médias la stratégie, validée par la Ville, du premier volet de développement des infrastructures du réseau de chauffage à distance pour les années à venir.
En une trentaine de minutes, Xavier Company a tenté de résumer le préavis dense, technique et de 30 pages qui présente les développements de la production de chaleur renouvelable locale et du réseau de chauffage à distance à l’ouest et au sud. Ce document sollicite un crédit d’investissement de 170,6 millions de francs pour cette première étape, sur l’enveloppe d’un milliard dévolu par le Plan climat au projet global.
Un montant qui doit permettre de construire trois centrales de production et de distribution à Ouchy, Vidy et Malley, deux stations d’échange de chaleur ainsi que les artères principales pour déployer le réseau de chaleur dans les quartiers du sud et de l’ouest de l’agglomération.
Couverture actuelle de 25%
«On sait que le chauffage des bâtiments représente environ 60% des émissions directes de CO2 sur le territoire, étaie Xavier Company. Par conséquent, en travaillant sur ce point, on peut agir sur l’un des facteurs de pollution les plus importants à Lausanne. Pour agir, nous travaillons sur deux axes: la rénovation énergétique du parc immobilier, déjà commencée, et la source de chauffage des bâtiments pour qu’elle soit plus renouvelable. Dans ce préavis, nous nous attaquons donc à cette deuxième piste de solution, en développant ce réseau de chauffage à distance et en l’alimentant avec l’eau du lac, la géothermie, le bois ou encore le biogaz.»
«Le chauffage des bâtiments représente environ 60% des émissions directes de CO2 sur le territoire lausannois.»
Le réseau s’est historiquement développé d’abord au nord de la capitale vaudoise, dès 1934, autour de l’usine de Pierre-de-Plan, puis s’est déployé ensuite grâce à la puissance produite par l’incinération des déchets de l’usine Tridel. Xavier Company a relevé que le chauffage à distance lausannois «est l’un des plus anciens et étendus de Suisse», et qu’il couvre actuellement «environ 25% des besoins de chaleur de la ville».
«Verdir» le mix énergétique
Pour respecter l’objectif du Plan climat, la Municipalité a donc prévu de tripler le volume de chaleur distribué par le chauffage à distance en trente ans pour parvenir à une couverture de 75% des besoins, «ce qui signifie qu’on doit s’étendre étape par étape, quartier par quartier, au sein de la ville, et pouvoir aussi raccorder chaque nouveau client au réseau».
«En parallèle nous devons aussi «verdir» ce chauffage à distance, poursuit Xavier Company, puisque, actuellement, il est alimenté à peu près à 60% par de l’énergie de récupération - Tridel ou la STEP - et à 40% en hiver par du gaz, et en grande partie aujourd’hui encore par du gaz fossile». Objectif conjoint de la Municipalité et des Services industriels: avoir un chauffage à distance 100% renouvelable d’ici à 2035.
«Il y a une forte hausse de la demande liée aux circonstances géopolitiques actuelles. Les gens ont envie de pouvoir se passer du mazout ou du gaz.»
Xavier Company relève que ces développements ne visent pas uniquement à remplir les exigences du Plan climat. «Il y a une forte hausse de la demande – notamment venant des PPE, des gérances et des grands propriétaires – liée aux circonstances géopolitiques actuelles. Les gens ont envie de pouvoir se passer du mazout ou du gaz. Nous devons pouvoir y répondre et notamment dans les quartiers qui ne sont pas encore raccordés au réseau de chauffage à distance mais le seront à terme.»
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