Branle-bas de combat sur les planches. Face à des gradins clairsemés, les artistes font grise mine. En Suisse romande comme en Europe, les arts de la scène sont frappés par une baisse de fréquentation de 30%, en moyenne, depuis le début de la saison. Le phénomène ébranle le monde culturel dans son ensemble: selon une enquête publiée par «Le Monde», près d’un Français sur deux n’a pas remis les pieds dans un lieu de culture depuis le 21 juillet.
Mais n’oublions pas que ces chiffres, si tonitruants soient-ils, s’étendent sur un temps court qui est celui du redémarrage. Surtout, ils établissent une moyenne et gomment les disparités des lieux, des formes artistiques, des publics. Notre coup de sonde auprès de plusieurs institutions vaudoises des arts de la scène met en lumière une réalité nuancée. Gardons aussi en tête que l’offre est incroyablement foisonnante.
«Artistes et directions nous le disent: le bouche-à-oreille joue un rôle essentiel.»
S’il est difficile de tirer des conclusions péremptoires, un point est clair: les habitudes du public ont changé. Avouons-le: nous avons (un peu) pris goût à un mode de vie plus casanier. Alors, on se dit que pour cette pièce, on verra, s’il reste de la place, pourquoi pas. La tendance du «last-minute» prend de plus en plus d’ampleur. Enfin, certains sont refroidis par le pass, d’autres craignent d’être contaminés en salle.
Alors, comment réapprivoiser les pantouflards que nous sommes un peu devenus? Les salles devront revoir leur manière de communiquer et s’habituer à voir leurs gradins se remplir au dernier moment. Mais le changement devra sans doute être plus profond. Artistes et directions nous le disent: le bouche-à-oreille joue un rôle essentiel. Il s’agira donc de réinventer les modes de diffusion des œuvres scéniques. «Les propositions qui restent longtemps à l’affiche ont plus de chances de marcher», relève Sophie Mayor, secrétaire générale de la Corodis.
Il faudra du temps. Et des moyens. Le maintien des soutiens en 2022 est essentiel pour les institutions, artistes et tous les métiers qui en dépendent. Car la soif de culture existe bel et bien. Directrices et directeurs semblent parler d’une seule voix. «J’ai été frappé par cette émotion très forte, cette alchimie entre scène et salle, s’enthousiasme Michel Caspary, capitaine de la Grange sublime à Mézières. Chaque soir, nous avons vécu une ferveur particulière.»
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Éditorial sur la fréquentation des théâtres – Comment réapprivoiser le public?
La baisse de fréquentation des salles met en lumière les changements d’habitude des spectatrices et spectateurs des arts de la scène.