L’informatique se retrouve en cette fin d’année à la une de l’actualité. Au niveau pédagogique, des syndicats décident de se battre contre la mise en place de tableaux numériques dans nos écoles romandes. La majorité de gauche au Conseil communal de Lausanne a même proposé de revoir le nombre de tableaux numériques à la baisse, craignant une «fuite vers l’avant».
À un niveau plus large, la population mondiale fait la connaissance d’une nouvelle application qui fait usage de l’intelligence artificielle (IA) pour créer des portraits artistiques à partir d’une vingtaine de selfies. Certains usagers se sont indignés des résultats sexistes qui ont produit des images dénudées avec, pour les femmes, une augmentation de la taille de leur poitrine et, pour les hommes, des muscles saillants.
«Les biais informatiques ne sont que le symptôme d’un problème plus large: le manque de représentativité dans le domaine informatique tant au niveau du genre, de l’ethnie que de la culture.»
Reprenons donc ces deux observations et mettons en évidence ce qui les lie. Il est connu depuis des années que l’informatique, et plus particulièrement l’IA, est victime de biais. Ils résultent entre autres du fait que les informaticiens sont majoritairement des hommes blancs et que les images à disposition de l’IA découlent de bases de données dans lesquelles la majorité des images représentant les hommes et les femmes répond aux idéaux physiques de notre société actuelle.
Les biais informatiques ne sont que le symptôme d’un problème plus large: le manque de représentativité dans le domaine informatique tant au niveau du genre, de l’ethnie que de la culture. En effet, une étude menée aux États-Unis a démontré que les programmes de reconnaissance faciale reconnaissent très bien les hommes caucasiens, un peu moins bien les femmes caucasiennes, encore moins les hommes d’autres ethnies et terriblement mal les femmes d’autres ethnies (un documentaire Netflix traite ce thème).
Sur la question des femmes en particulier, les cursus d’informatique ne sont fréquentés que par 18% de femmes environ et au moment de se professionnaliser, ce taux baisse radicalement au fur et à mesure que les femmes quittent leur emploi pour se concentrer sur leur famille.
Se concentrer sur l’amélioration
La proposition des cantons romands d’ajouter à l’école obligatoire l’enseignement du numérique est une première façon de traiter ces problèmes. D’une part, l’accès à l’informatique permettra aux filles d’avoir un premier contact avec ce domaine qui est souvent associé aux garçons. D’autre part, il permettra aux représentants de diverses cultures, ethnies, de différentes classes sociales, de s’intéresser à l’informatique.
L’innovation recèle des biais négatifs et des problèmes de perception du monde à régler, mais elle est également porteuse de technologies médicales, écologiques, pédagogiques, de mobilité, etc., qui permettront au monde de devenir meilleur. En conclusion: plutôt que de se focaliser sur l’interdiction aveugle de nouvelles technologies, concentrons-nous sur l’amélioration de celles-ci en faisant en sorte qu’elles soient inclusives!
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L’invitée – Contre les biais informatiques: l’éducation numérique
Denise Gemesio souhaite un accès précoce à l’enseignement du numérique.