Crise du coronavirusLes couacs de l’OFSP auront «des conséquences», assure Berset
Le ministre de la Santé a défendu son office dans une interview. Une amélioration de la communication devient cruciale dans la lutte contre la pandémie.

Des chiffres erronés, l’origine des foyers d’infections corrigée à la hâte: ces derniers jours, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’est distingué pour ses couacs de communication. Interrogé à ce sujet par la télévision alémanique SRF, Alain Berset a reconnu qu’«une erreur s’est produite». Vendredi dernier, l’OFSP avait publié un tableau selon lequel le risque de s’infecter est le plus grand dans les boîtes de nuit et les restaurants. Dimanche, l’office rectifiait ses affirmations et précisait que la majorité des infections ont en fait lieu au sein des familles.
Malgré cette mise au point, l’erreur ne restera pas sans suite, a précisé le ministre de la Santé. «Bien entendu, l’affaire aura des conséquences organisationnelles à l’OFSP. Nous devons examiner de près les procédures pour les améliorer.»
On ne sera pas plus informé sur les mesures concrètes. Mais un redressement de cap est nécessaire. Hasard de calendrier – ou non –, la task force Covid-19 de la Confédération a publié jeudi dernier un document expliquant «pourquoi une communication performante est cruciale» dans la réponse à la pandémie. «La multiplicité des sources de communication et des messages dans un cadre complexe peut favoriser la confusion ou même la méfiance au sein de la population, entraînant une moindre adoption de comportements protecteurs, de l’individualisme et donc un risque d’augmentation des cas», notent les auteurs du guide.
Cacophonie
Or, il ne s’agit pas uniquement d’un week-end noir de l’OFSP. L’incident vient s’ajouter à plusieurs autres erreurs de communication cumulées au cours des derniers mois. Souvenez-vous: fin avril, l’ancien Monsieur Covid Daniel Koch assurait que les enfants n’étaient pas porteurs du virus et pouvaient embrasser leurs grands-parents, près de deux mois après la fermeture des écoles et la mise à l’isolement de nos aînés. La déclaration avait suscité l’incompréhension au sein du public.
Plus récemment, la gestion de l’application «SwissCovid» s’est montrée très hasardeuse. Chiffres des utilisateurs aléatoires, bugs mal réglés… La convocation d’une poignée de journalistes pour leur parler de l’application en difficulté et tenter de la relancer, sans pour autant donner de message clair, a également laissé les invités dubitatifs.
«L’histoire sonne très bien, mais elle est fausse. Vous recherchez des certitudes dans des temps très incertains.»
On peut également qualifier de «grand raté» la communication sur les masques. Jugés inutiles en début de pandémie et lorsqu’ils étaient en rupture de stock, ils sont devenus nécessaires depuis la mi-juillet et les achats massifs de la Confédération. Un pieux mensonge?, s’interroge le journaliste de SRF.
«L’histoire sonne très bien, mais elle est fausse, a rétorqué Alain Berset. Vous recherchez des certitudes dans des temps très incertains. Nous avons communiqué dès le départ que le masque est utile pour ne pas infecter les autres. Et qu’il n’est pas facile d’utiliser correctement les masques. Quand nous étions tous confinés, cela avait du sens. Mais à partir du moment où les mesures ont été assouplies, cela a toujours été clair: dans certaines situations, il faut porter le masque.»
Des centaines de demandes par jour
La tâche de l’OFSP est ardue, a rappelé Alain Berset. «On doit aussi considérer le fait qu’en raison des centaines de demandes quotidiennes de la part des médias, l’OFSP se retrouve sous une forte pression.»
«Nous faisons tout notre possible pour éviter un deuxième confinement.»
La situation actuelle, avec un nombre d’infections quotidiennes à trois chiffres, est également «difficile». «Nous faisons tout notre possible pour éviter un deuxième confinement. Cela doit être le but, rappelle le conseiller fédéral. Mais il doit également être clair que toute la population doit participer. Si la population réussit à continuer à mettre en œuvre les mesures d’hygiène et la distance, alors nous avons une chance. Même si ce n’est peut-être pas aussi simple en été.»
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