Tracés dans la neige à coups de lattes, les exploits d’un Didier Cuche ou d’un Beat Feuz ont été sublimés par la réputation de leurs écrins. Wengen ou encore Kitzbühel: deux monuments de la descente que l’on se plaît à décrire comme des «classiques». Ajoutez à cela Adelboden, où Marco Odermatt fait des étincelles, éventuellement Bormio (fin décembre) et vous avez de quoi soulever les foules.
Saint-Moritz et Crans-Montana ont-elles une telle aura? On aurait vraiment envie de dire oui. Après tout, il y a du monde dans les gradins et le gratin des spécialistes de vitesse en piste. Le spectacle est bel et bien au rendez-vous. Tout comme voir Marco Odermatt et Aleksander Aamodt Kilde flirter avec la chute dans la descente la plus dangereuse du circuit alimente les discussions, assister à une Sofia Goggia qui se fracasse la main près du départ pour terminer à la première place à l’arrivée est une histoire qui se raconte plutôt bien. Mais ce n’est pas Kitzbühel. Et il semble manquer un petit truc en plus pour que la station grisonne, celle valaisanne, ou une autre attirent autant que les «Mecques» susmentionnées.
Il y a peut-être une question de timing. Crans-Montana, en particulier, arrive après les Mondiaux ou les Jeux olympiques, suivant les années. L’envie d’encore et toujours voir des professionnels skier après avoir été biberonnés aux médailles pendant deux semaines peut se tarir, et donner envie d’enfiler ses propres skis. Même problème durant le week-end de Saint-Moritz, où c’est parfois l’occasion de partir recharger les batteries avant Noël.
D’ailleurs, le rendez-vous qui se détache le plus parmi les skieuses interrogées a lieu au mois de janvier. Cortina d’Ampezzo, régulière du circuit féminin, met aux prises les spécialistes de vitesse depuis des décennies. Les organisateurs des épreuves italiennes ont même bombé le torse nous rappelant que Lindsey Vonn avait désigné Cortina comme son étape favorite.
La même semaine, l’Américaine a sorti une vidéo dans laquelle elle descend la Streif de nuit. «J’ai toujours voulu skier avec les hommes, mais je n’étais honnêtement pas sûre que je pouvais le faire», a écrit par skieuse sur son compte Instagram. De quoi alimenter la légende qui entoure la piste. Et si Beat Feuz ne s’essaie pas à un même projet à Crans-Montana, il restera toujours les Mondiaux 2027 pour doper une ferveur populaire déjà bien là. Classique? Non, mais unique.
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Éditorial – Crans-Montana, la nouvelle Kitzbühel
Les mythes et légendes du ski alpin ont choisi leur terre d’accueil. Pour les hommes, du moins, puisque les belles épreuves féminines peinent à s’inscrire dans la mémoire collective.