Crispations autour d'une garderie à Pully
L'initiatrice d'un projet de crèche privée juge qu'on lui «met des bâtons dans les roues». Elle met en avant l'intérêt public.

«Les politiques défendent l'ouverture de places en crèche, mais si c'est sous leurs fenêtres, c'est une autre histoire…» Sophie Lambert s'impatiente. Elle est à l'origine d'un projet de garderie dans un quartier résidentiel de Pully, plus précisément dans une maison située au chemin de la Clergère.
La mise à l'enquête du dossier a fait l'objet d'oppositions de certains voisins craignant une augmentation du trafic automobile sur ce chemin privé. La Municipalité a levé ces oppositions en août, autorisant la transformation de la maison en garderie. Un recours est pendant. «Tout est gelé; c'est frustrant, réagit Sophie Lambert. Il y a un réel besoin des familles.»
La voisine qui a fait recours devant le Tribunal cantonal est l'épouse de Jean-Marc Duvoisin, conseiller communal PLR. L'élu se dit solidaire du recours de sa femme. Si Sophie Lambert s'étonne, c'est que ce parti sorti vainqueur des dernières élections communales met en avant sa politique en faveur de l'accueil de jour des enfants. Pully va d'ailleurs investir dans la création de 200 places supplémentaires en 2018. Jean-Marc Duvoisin juge «regrettable que cette question se politise, ou plutôt se médiatise, alors que nous en sommes à la rédaction d'une convention. Le concept de garderie ne me gêne absolument pas, devant chez moi ou ailleurs. Ce qui me gêne, c'est la question de la sécurité. Ce chemin mène à une impasse et il est très étroit. Impossible de tourner en voiture, ni de croiser. Les parents qui viendraient déposer et chercher leurs enfants devraient reculer en marche arrière pour sortir sur le chemin à haut débit de la Clergère avec une visibilité nulle. Des enfants vivent dans ce quartier et jouent dehors. C'est trop dangereux.»
Voitures bannies
Sophie Lambert s'est engagée à interdire aux parents d'emprunter en voiture la portion du chemin en question et à exclure les familles en cas de récidive. «Nous avons tout tenté pour limiter le trafic, leur montrer notre bonne foi et débloquer cette situation. Nous avons aussi accepté de payer une taxe pour que les parents utilisent le parking voisin de la Clergère. Apparemment, ce n'est pas suffisant. Je ne sais plus quoi proposer. J'ai vraiment le sentiment qu'on nous met des bâtons dans les roues.» Un projet de convention soumis par l'avocat de la recourante exige des garanties supplémentaires engageant la propriétaire de la maison et la Municipalité. Si les règles internes de circulation devaient être enfreintes par les usagers de la crèche, le propriétaire des locaux doit s'engager à résilier le bail. Dans la foulée, la Municipalité devrait retirer les autorisations d'exploiter. «C'est tout de même un peu extrême!» juge Sophie Lambert.
Jean-Marc Duvoisin estime de son côté que «l'engagement de la Municipalité est une garantie essentielle pour que les conditions de respect de la sécurité soient acceptables». Son fils, Jean-Luc Duvoisin, lui aussi domicilié au chemin de la Clergère et conseiller communal PLR, a fait opposition au projet de crèche lors de la mise à l'enquête. Il estime que «ramener tout cela à mes fonctions politiques relève de la médisance». Et d'argumenter: «Père de trois enfants, j'ai personnellement été confronté au manque de places en crèche, je serais ravi qu'il y ait une garderie devant chez moi si ce chemin était plus large. C'est une question de bon sens: la circulation engendrée sur ce chemin privé n'est pas possible sans une mise en danger. Le problème serait le même s'il s'agissait d'un projet d'épicerie ou d'un coiffeur.» Jean-Luc Duvoisin rappelle qu'il n'a pas fait recours et «souhaite qu'une solution évitant un flux de dizaines de voitures dans le même créneau horaire soit trouvée afin de garantir à la fois des places de crèche et la sécurité. Des discussions dans ce sens sont d'ailleurs en cours.»
Pesée d'intérêts
Elles n'ont pas abouti pour le moment. «Une vingtaine de familles patientent sur la liste d'admission, regrette Sophie Lambert. Elles attendent depuis le mois de septembre. Certains parents m'ont même demandé ce qu'ils pouvaient faire pour faire bouger les choses.»
Municipal PLR en charge de la Jeunesse, Jean-Marc Chevallaz confirme le besoin de places en garderie. Il dit être «très attentif aux ouvertures de crèches privées car elles pourraient éventuellement déboucher sur un partenariat public-privé». Pour autant, le municipal respecte les réserves de ses collègues de parti. «Les gens ne sont pas tenus d'abandonner leur intérêt privé parce qu'ils sont conseillers communaux. Cela ne me gêne pas, même si la Municipalité a jugé que le projet était correct. À chacun de savoir jusqu'où la défense de ses intérêts individuels peut aller sans heurter la collectivité.»
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