La dernière gorgée douce-amère d'Ariane Ferrier
Dans un ultime livre sorti mercredi, la journaliste et chroniqueuse genevoise disparue dimanche raconte sa maladie. Sans fard et souvent drôle.

Avant de s'en aller définitivement dimanche, à 59 ans, Ariane Ferrier a voulu raconter dans La dernière gorgée de bière un autre voyage, «la traversée du cancer sans escale». Avec ce regard et cet humour si particuliers, la journaliste et chroniqueuse genevoise dit tout: le choc du diagnostic, «l'immense effroi» face à cette tumeur du pancréas, la douleur, l'opération, l'hospitalisation, la peur panique du changement de perfusion, la douceur du personnel soignant. Les réactions aussi, les amis qui fuient, ceux qui se rapprochent, formant sa «garde prétorienne» avec ses filles, leur père, et puis sa sœur, retrouvée dans l'épreuve. La démarche peut paraître nombriliste. Elle touche en fait à l'universel. «Tout cela je l'ai vécu comme toi, ma sœur de souffrance, mon frère de chimio», écrit-elle en préambule.
Ce chemin, l'auteure le raconte avec son «âme rigolarde». Elle ne s'apitoie jamais, culpabilise une minute («Je me la serais tricotée toute seule, cette tumeur?»), s'insurge à peine: «Je n'arrive pas à m'offusquer à l'idée de cette mort», qu'elle trouve certes prématurée, mais en aucun cas scandaleuse.
Ce qu'elle aimerait? «Mourir vivante.» Alors elle rit, malgré l'opération subie qui l'en empêche, dans une puissante hilarité intérieure. Loin des considérations métaphysiques, elle préfère relever la langue particulière de ce périple, où l'on parle adénocarcinome, induration, «port à cath». Avance que les amateurs de Scrabble y trouveraient leur miel. Elle n'y joue pas malheureusement. La malade observe son corps devenu «difficile à habiter», se confesse «pétée à la morphine», constate l'abandon consenti du corps, à l'entrée à l'hôpital. Une traversée dont elle n'occulte pas la pénibilité, mais qui provoque souvent le rire. Un livre devenu testament dont on ne peut que respecter le mot d'ordre final: «Maintenant, il faut vivre.»
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