Théâtre à l’ère #MeToo «Dangereuses», les liaisons du XXIe siècle?
Ariane Moret et Anna Lietti dévoilent leur pièce inspirée du roman épistolaire de Laclos. À voir à Lausanne avant Yverdon et Mézières.

Laclos et les intrigues d’alcôve à l’ère #MeToo. Au XXIe siècle, les liaisons amoureuses sont-elles aussi dangereuses et délétères qu’au siècle des Lumières? Dans une partition scénique composée à quatre mains, la comédienne Ariane Moret (qui signe aussi la mise en scène) et la journaliste Anna Lietti scrutent les jeux de séduction, de manipulation, de domination. Brodée pendant le Covid, la pièce «Dangereuses», écrite avec la complicité du dramaturge Antoine Jaccoud, se dévoile enfin au public, au Théâtre 2.21 à Lausanne, avant le TBB à Yverdon et le Jorat à Mézières.
La fable délaisse le boudoir et les échanges épistolaires; dans un style direct, le verbe vif, ses héros et héroïnes s’épanchent sur les planches d’un théâtre. La trame se tisse autour d’une mise en abyme: une troupe d’artistes répète «Les liaisons dangereuses», interroge le texte dans ses moindres interstices, cherche le sens profond des manigances libertines du vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil, sous la baguette de Karla (Shin Iglesias), metteuse en scène ultraspeed. Chacun arrive avec son propre bagage.
Il y a Vincent (Raphaël Defour) et sa dégaine de Don Juan insatiable. Mathilde (Magali Heu), fanée depuis son accouchement, qui ne trouve plus sa place de femme ni de comédienne. Nina (Billy Blast), empêtrée dans ses carcans familiaux. Et Denis (Jérôme Chapuis), habité par son amour du théâtre et en questionnement perpétuel face au texte. Mais ils sont bien déterminés à déjouer les embûches: «On est sur un projet disruptif, ça va déflorer sec», dit Vincent.
«Nous avons opté pour une fin parfaitement immorale…»
Très vite, le vernis craque. Karla demande à ses interprètes de raconter l’une de leurs liaisons dangereuses. Introspection. Leurs fragilités affleurent, leurs frustrations s’entremêlent et se frottent aux enjeux de leurs personnages. Quel sort les deux autrices ont-elles réservé à leurs protagonistes? Anna Lietti résume: «Nous avons opté pour une fin parfaitement immorale…»
Lausanne, Théâtre 2.21
Du 21 au 26 fév.
www.theatre221.ch
Yverdon, Théâtre Benno Besson
Je 2 mars
www.theatrebennobesson.ch
Mézières, Théâtre du Jorat
Di 4 juin
www.theatredujorat.ch
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